Une petite communauté accueillante vaut autant qu’une grande ville. C’est ce que déclare la citoyenne de Hearst et présidente de la Corporation de logements sans but lucratif, Chantal Dillon. Pour avoir vécu toute sa vie dans la région, elle qualifie sa ville de bienveillante envers les nouveaux arrivants et les clients de l’Intégration Communautaire. « Je te dirais que je suis bien fière de l’accueil », affirme-t-elle. « Les clients sont bien reçus, les nouveaux arrivants sentent qu’on est une communauté chaleureuse et que tout le monde est bien accepté. » Ce qui semble faire le charme de la petite ville, c’est le sentiment d’appartenance que l’on y développe. Contrairement à une grande métropole, Hearst, pour Mme Dillon, se veut sécuritaire avec une multitude de services qui viennent amplifier l’entraide communautaire. « Tout le monde se connait ou presque, on connait tous quelqu’un qui connait quelqu’un », dit-elle. « On a de bonnes activités qui sont offertes pour les jeunes. Je trouve que c’est bien, une petite communauté, car on peut sentir que l’on en fait vraiment partie. » Elle prône aussi les bienfaits d’une collectivité plus petite, lorsqu’il est question d’éducation. À l’école, les classes comptent moins d’élèves, ce qui permet d’offrir une éducation plus rapprochée des besoins de chacun. De plus, la taille de la ville semble ne pas affecter la possibilité de se procurer l’essentiel pour vivre. « Je trouve qu’on a une bonne variété de magasins, puis je pense que c’est important de favoriser l’achat local, d’encourager ces entreprises-là si on veut continuer à en avoir. » En plus d’être présidente de la Corporation de logements sans but lucratif, elle siège aussi au Comité d’accessibilité de la Ville de Hearst. Elle se dit donc bien placée pour voir une lacune, qui semble faire l’unanimité chez les citoyens, celui du manque de logements. « Je ne crois pas surprendre personne en disant qu’on a un problème de logement, j’irais encore plus loin en disant que ça prend définitivement des logements pour personnes âgées, avec du soutien », déplore-t-elle. « Ça allègerait la liste d’attente pour le foyer de longue durée ou à l’hôpital. Ça permettrait à bien des personnes de vivre dans leur appartement, mais avec des services adaptés à leurs besoins. » Oeuvrant sur cette problématique, elle considère que c’est l’une des choses que notre petite communauté a à améliorer
Chaque année, la Semaine de la coopération vise à souligner l’apport indispensable — et souvent méconnu ! — des coopératives et des mutuelles. Chapeautée par le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, l’édition 2022, qui se déroule du 16 au 22 octobre, met en lumière les avantages de la coopération et de la mutualité tout en faisant découvrir des entreprises qui contribuent activement au développement des collectivités.
Bienfaits multiples
Alors que le coût de la vie augmente, les consommateurs doivent faire preuve de débrouillardise pour maintenir leur qualité de vie, voire joindre les deux bouts. Des changements dans leurs habitudes d’achat, notamment, leur font économiser de précieux dollars. Par ailleurs, la pollution et le réchauffement climatique incitent les citoyens responsables à chercher des moyens concrets de réduire leur empreinte écologique. Dans tous les cas, privilégier les coopératives ou les mutuelles s’avère une décision sensée. Les bienfaits de cette pratique sont en effet indéniables :
Donne la possibilité à nos collectivités de se développer ;
Assure le maintien d’emplois et la pérennité d’entreprises ;
Permet d’offrir des services essentiels dans toutes les régions.
Contribuez à l’enrichissement collectif en encourageant les coopératives et les mutuelles d’ici pendant la Semaine et durant toute l’année !
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La Journée internationale des coopératives d’épargne et de crédit est soulignée le jeudi 20 octobre 2022.
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Rendez-vous au effet.coop/semaine pour en savoir plus sur les activités et les initiatives des coopératives et des mutuelles de la province, ou joignez la communauté Facebook L’Effet COOP(@EffetCOOP).
La clientèle régulière du Tim Hortons de Hearst a probablement été servie au moins une fois par Babacar Fall. Son énergie et son sourire font en sorte qu’on le remarque rapidement.
Babacar est arrivé à Hearst en 2019 en provenance de Dakar, la capitale du Sénégal. Titulaire d’un cours universitaire de premier cycle en comptabilité au Sénégal, il a été informé par une amie qui étudiait à l’Université de Hearst de l’opportunité de faire un bac en administration des affaires dans une institution francophone avec des cours en bloc. « Je me suis dit que de faire mon cours en administration des affaires ici, le marché du travail serait beaucoup plus ouvert, donc pourquoi ne pas venir ici », indique-t-il.
Babacar est aussi membre des pompiers volontaires de la Ville de Hearst depuis le mois d’avril 2021. « Le fait d’être pompier ici, c’est juste ma passion. Quand j’étais au Sénégal, j’ai toujours voulu rejoindre les militaires, mais bon, je n’ai pas eu l’occasion. J’ai aussi grandi à côté d’une caserne, donc je voyais les pompiers et tout. Quand je suis arrivé à Hearst, j’ai rencontré une personne qui fait partie de l’équipe ; il m’a expliqué comment ça fonctionnait. Je me suis dit, pourquoi pas ? Je travaille à temps partiel et je vais à l’école, et le reste du temps je ne fais rien ! » Depuis qu’il a intégré les rangs des pompiers volontaires, Babacar a eu l’occasion d’acquérir de l’expérience étant donné qu’il y a eu plusieurs incendies au cours de la dernière année.
La religion prend une place importante dans la vie des Sénégalais, catholiques ou musulmans. C’est une des grandes différences culturelles entre les jeunes de la communauté de Hearst et les étudiants provenant du Sénégal en particulier. L’Islam étant une religion peu connue dans la petite ville, les lieux de culte sont inexistants. Les étudiants se rassemblent donc à différents moments pour prier, mais aussi lorsqu’il y a des fêtes religieuses importantes. Depuis l’arrivée de la COVID-19, le groupe d’étudiants est plus prudent et se rassemble moins souvent qu’avant, mais ils font quand même leurs prières tous les jours, individuellement.
Les activités d’hiver n’effraient pas Babacar depuis son arrivée au pays. Il a essayé plusieurs sports d’hiver comme le ski de fond, la raquette, la glissade, etc. Cet hiver, on lui a proposé d’essayer la pêche sur la glace et de faire des randonnées en motoneige. Étant quelqu’un qui aime bien le froid, la différence de température ne l’a pas choqué, c’est plutôt le taux d’humidité qui est plus difficile à endurer. « À Dakar, c’est très sec ; ici c’est plutôt humide. Même que lors des grandes chaleurs l’été, je dois dire que la chaleur est plus forte ici à cause de l’humidité. »
Babacar finira son bac cette année, au printemps 2022, et souhaite trouver un emploi dans la région, car il aimerait bien rester à Hearst.
FRANCOPRESSE – Comment les francophonies canadiennes peuvent-elles mieux faire communauté? C’est la question qu’ont tenté d’élucider les panélistes de la troisième et dernière journée d’étude sur l’immigration et les communautés francophones minoritaires du Centre de recherche en civilisation canadienne-française. L’une des clés pour y parvenir serait de passer de l’intégration à l’hospitalité, en permettant aux immigrants francophones d’apporter leur touche personnelle aux identités franco-canadiennes.
Ericka Muzzo – Francopresse
« Dans les écoles du Manitoba, cette notion d’ “ identité franco-manitobaine ”,beaucoup d’immigrants disent ne pas s’y reconnaitre, dans les évènements, les activités […] La question, c’est comment est-ce qu’on se sent chez soi dans la différence ? » questionne Nathalie Piquemal, professeure à la Faculté d’éducation de l’Université du Manitoba.
Nathalie Piquemal est professeure à la Faculté d’éducation de l’Université du Manitoba. (Crédit : Capture d’écran – Francopresse)
À ses yeux, « la notion d’intégration a une connotation passive ; j’arrive dans un nouveau milieu, on m’accueille gentiment, j’apprends les normes sociales de ce nouveau milieu et je m’adapte. Pour moi, ce n’est pas un projet de société commun », critique la professeure, qui a coréalisé plusieurs recherches sur le sujet.
Elle suggère plutôt davantage de fluidité et d’ouverture au changement dans les communautés francophones minoritaires, comme « d’ouvrir les programmes scolaires à un regard critique pour dépasser les silos ».
À l’inclusion ou l’intégration, Nathalie Piquemal préfère la notion d’hospitalité, « dans le sens où la personne qui accueille accepte aussi que les gens qui arrivent changent l’environnement. Pour se sentir bien chez soi dans la différence, la seule façon c’est de pouvoir changer l’environnement dans lequel on arrive », défend la professeure.
« Pour moi, quand on parle d’immigration francophone, on parle du développement d’une communauté », lance pour sa part l’artiste Yao. À ses yeux, cela passe inévitablement par l’aspect culturel.
L’artiste franco-ontarien Yao, originaire de Côte d’Ivoire, est musicien, directeur artistique et directeur général de sa propre maison de disques, Intello-Productions. (Crédit : Capture d’écran – Francopresse)
« Je me rappelle d’ailleurs avoir entendu une super belle phrase qui disait que la culture réussit souvent là où la politique échoue », ajoute-t-il en riant.
« On a des éléments qui nous rassemblent autour de la table et on oublie qu’il existe un lien très fort entre langue et identité culturelle. En Ontario, on l’a vécu entre autres en culture avec le Festival franco-ontarien (FFO) qui se disait : “ Pourquoi est-ce qu’on n’arrive pas à attirer les gens des communautés ethnoculturelles? ” »
« Et eux de leur répondre : “ Nous ne nous reconnaissons pas comme Franco-Ontariens. Donc le Festival franco-ontarien ne nous interpelle pas nécessairement ” », relate encore l’artiste.
Il ajoute que cela a mené durant quelques années à l’instauration du « piquenique africain » dans le cadre du FFO, ce qui n’a pas forcément fonctionné pour attirer les membres des communautés ethnoculturelles.
« Je pense qu’il devrait y avoir beaucoup plus de concertation entre les institutions et les secteurs divers pour trouver des stratégies qui englobent les diverses facettes du processus d’immigration – le côté humain du processus, qui est non seulement le avant, le pendant, mais aussi le après », suggère Yao, qui souligne aussi l’importance de pouvoir concilier de multiples identités avec celle de « francophone ».
Celui qui a voyagé dans la plupart des communautés francophones au pays estime tout de même que la vitalité y est bien présente. Ce qu’il déplore, c’est que les nombreuses initiatives mises en place soient de courte durée, créant « une inaptitude à se projeter dans le futur ».
L’artiste souhaiterait voir des projets structurants sur la longévité, « sur dix ans, sur quinze ans […] Mettre en place les fondations de quelque chose de beaucoup plus solide, qui va venir jouer sur le processus d’intégration des francophones des communautés ethnoculturelles ».
« Favoriser une gouvernance plus cohérente et plus porteuse »
Pour Christophe Traisnel, professeur de science politique à l’Université de Moncton, « la question, c’est d’embarquer les nouveaux arrivants dans ce processus du faire communauté ».
Christophe Traisnel est directeur adjoint de l’École des Hautes études publiques de l’Université de Moncton et titulaire de la Chaire Senghor en francophonies comparées. (Crédit : Capture d’écran – Francopresse)
« Ça passe notamment par leur meilleure [visibilité], en particulier au niveau des instances de représentation politique. Il y a trop peu — et là je parle surtout pour l’Acadie — de minorités visibles ou de personnes issues de la diversité qui sont élus municipaux », déplore-t-il en soulignant l’élection cette année du tout premier maire noir d’Acadie, Kassim Doumbia à Shippagan.
Le professeur observe également que du côté des communautés francophones minoritaires, « nos gouvernances communautaires sont bien loin d’être gouvernantes, en fait ».
Il regrette que les priorités politiques mises de l’avant soient plus souvent celles de l’État que celles des communautés elles-mêmes. « On en voit les limites : le récent rapport du Commissariat aux langues officielles sur la non-atteinte de la cible [de 4,4 % d’immigration francophones hors Québec, NDLR] montre qu’on est encore une fois face à une gouvernance gouvernante qui décide au nom et à la place de la gouvernance communautaire. Il y a un réel problème à mon sens ».
Mariève Forest, présidente de la firme de consultation Sociopol, estime à ce sujet « qu’il y a quand même des éléments à notre portée qui pourraient être mis en place pour favoriser une gouvernance plus cohérente et plus porteuse des communautés francophones », comme le fait de travailler davantage en collaboration et moins en silos.
Mariève Forest enseigne des séminaires dans le cadre de la maitrise en sociologie appliquée de l’Université d’Ottawa. Elle est également présidente et chercheuse principale chez Sociopol, une firme de recherche sociale appliquée. (Crédit : Capture d’écran – Francopresse)
« Il y aurait certainement une gouvernance plus concertée au niveau fédéral qui amènerait une économie des énergies et plus de cohérence au niveau communautaire, parce que pour l’instant on voit une multiplication des organismes, des énergies, etc. Ça peut créer des conflits et éventuellement même un désengagement », constate l’experte.
Enfin, Mariève Forest note que les communautés francophones minoritaires éprouvent encore des difficultés à « planifier des activités qui permettent une harmonisation des cultures – c’est-à-dire où il y a une expression de la diversité, mais qui ne va pas juste pour un groupe ».
À titre d’exemple, elle cite l’organisation de festivals à thématique « ethnoculturelle » et d’autres de « traditions locales », qui peinent à s’entremêler.
« C’est un enjeu qui déborde largement la manière dont c’est financé, mais parfois il y a quand même des dynamiques où la manière dont les ministères vont financer ces activités-là […] ça empêche finalement le maillage d’une personne résidente permanente et une personne citoyenne canadienne, par exemple. »
« Ça existe encore, et ça ne devrait pas exister à mon avis si on veut parler d’une réelle vitalité qui est inclusive de toutes les populations francophones », conclut Mariève Forest.
Luisa Veronis, professeure agrégée à l’Université d’Ottawa et titulaire de la Chaire de recherche sur l’immigration et les communautés franco-ontariennes, qui coorganisait les trois journées d’étude, indique que les ateliers seront disponibles pour réécoute en baladodiffusion sur le site du Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF).
Luisa Veronis est professeure au Département de géographie, environnement et Géomatique de l’Université d’Ottawa et titulaire de la Chaire de recherche sur l’immigration et les communautés franco-ontariennes. (Crédit : Capture d’écran – Francopresse)
Elle précise également qu’un rapport synthèse « avec des recommandations destinées principalement aux décideurs politiques (qui pourraient être pertinentes également pour les praticiens et/ou leadeurs communautaires) » ainsi qu’un livre dirigé paraitront pour faire suite aux journées d’étude.