Si les routes pouvaient parler – partie 3/5

Pour le 100e de la Ville de Hearst, plusieurs activités en lien avec l’histoire de la capitale de l’orignal ont été organisées par des sous-comités. Les membres de l’un d’entre eux ont eu l’idée de faire un parcours, style rallye, dans lequel les gens pourraient découvrir l’origine historique des noms donnés à certaines rues de la municipalité. 

Le choix des rues qui allaient figurer dans le rallye a été réalisé dans l’optique de toucher des catégories différentes de l’histoire de la Ville qui font ce qu’elle est aujourd’hui. 

Veuillez noter que la source des textes est indiquée en bas de page. Les auteurs ont permis le partage des informations recueillies dans le cadre de l’activité. Les textes ont été soumis par le Centre d’archives de la Grande Zone argileuse de Hearst. 

Les femmes d’affaires 

« La rue Rose, qui est située dans l’arrondissement connu sous l’appellation Hearst Trailer Park, souligne l’importante contribution à la Ville de Hearst de la femme d’affaires qu’est Rose Lecours », écrit son fils, Gilles Lecours. 

Rose Veilleux arrive à Hearst de Sainte-Lucie-de-Beauregard en 1924 à l’âge de 3 ans. Son père était un homme de bois, c’est donc dans ce domaine qu’il travaille, amenant avec lui sa femme et leurs enfants dans les camps de bucherons. Rose a été envoyée au couvent qui prenait des pensionnaires puisqu’il n’y avait pas d’école dans les camps. À sa sortie, elle fréquenta un peu l’école du rang Casgrain, mais décida d’abandonner parce que la marche était trop longue. Malgré le fait qu’elle n’a pas pu étudier plus que la 4e année, Rose s’est occupée de l’éducation de ses frères à la maison pendant que ses parents travaillaient à l’extérieur.

Rose avait 19 ans lorsque son père achète une maison plus près de la ville et elle rencontre son époux pour la première fois à Carey Lake. Maurice Lecours et elle se marient en 1944, lui avait 21 ans et elle 23 ans. 

Au début du mariage, le couple habitait à Calstock, puisque Maurice travaille pour l’entreprise forestière de son père, Arthur. Après trois ans de vie commune, Rose et son mari déménagent à Hearst et deviennent les propriétaires de l’entreprise Maurice Lecours Ltd. 

Le magasin situé au 817 rue George approvisionne les gens de la communauté en tabac, peinture et produits essentiels à la maison. Un peu plus tard, la vocation du magasin change et Rose vend plutôt des vêtements et des chaussures pour tous. 

Rose y travaille pendant 37 ans. Elle employait deux personnes et une autre qui s’occupait des enfants dans la cuisine adjacente au magasin. 

En 1977, les Lecours acquièrent une deuxième entreprise : Hearst Trailer Park Ltd. « Maurice y travaille avec son fils Gilles pour ajouter des rues, des maisons mobiles et améliorer leur propriété ; Rose gère les finances, les loyers et tout le reste. Aujourd’hui, Rose agit toujours comme consultante en gestion auprès des propriétaires… ses enfants », raconte Gilles. 

Femme d’affaires et de famille, Rose Lecours s’est impliquée dans plusieurs organismes communautaires, notamment les Filles d’Isabelle, la Fédération des femmes canadiennes-françaises, le Club de l’âge d’or, etc. 

Mme Rose Lecours a eu 100 ans en 2021. Elle a eu droit à plusieurs belles célébrations pour souligner son passage vers un nouveau centenaire, qui s’adonnait à être en même temps que les célébrations du 100e de la Ville de Hearst. Encore aujourd’hui, Mme Lecours crée et fabrique des courtepointes qu’elle fait parvenir à des familles dans le besoin de la région et de la République dominicaine. 

Rue Alexandra – 1er Lotissement 

« Hearst doit son emplacement géographique et son lotissement fondateur aux ingénieurs des compagnies ferroviaires. En effet, les rues furent tracées selon les limites de la cour de triage et, dès 1915, elles sont baptisées des noms qu’elles portent encore aujourd’hui. La rue principale, appelée Front, est celle qui longe le chemin de fer d’est en ouest. Habituellement, les rues dénommées “ Front ” correspondent à un port ou à un front de mer. Dans le cas de Hearst, la gare qui est construite à cette époque va jouer ce rôle de port d’arrivée. » (Laurent Vaillancourt) 

Les rues qui y sont parallèles portent le nom de membres de la famille royale britannique du début du 20e siècle, une pratique courante à l’époque. 

Laurent Vaillancourt explique dans son texte comment chaque nom de rue a été choisi dans le premier lot à Hearst : « La rue George porte le nom du roi George V (1910-1936). La rue Prince fait nommément référence à la royauté alors que la rue Alexandra salue Alexandra de Danemark, princesse danoise et épouse d’Edward VII qui fut roi d’Angleterre (1901-1910). Quant à la rue Kitchener, elle doit son nom à Lord Horacio Herbert Kitchener, un militaire et ministre britannique. Les rues transversales, qui s’alignent sur un axe nord-sud, sont numérotées de la Première, à l’est, où se trouve le cimetière Riverside, jusqu’à la Douzième, à l’ouest où se trouvait autrefois la ferme de démonstration. » 

Entre les années 1920 et 1970, les limites de la ville s’en tenaient au premier lotissement, pour finalement allonger ses artères principales jusqu’à la 15e Rue. Il y avait tout de même des maisons au nord du chemin de fer à partir des années 1930, ce quartier était surnommé McManusville, pour enfin devenir le quartier St-Pie X, tel qu’il est connu de nos jours. L’autre quartier sur la rive sud de la rivière Mattawishkwia était surnommé Louisbourg, les deux ont été annexés à la ville de Hearst en 1976. 

« En 1972, le programme de Ontario Housing, de la Corporation immobilière de l’Ontario, permet la construction le long de la 15e Rue de maisons à prix abordable, ce projet va contribuer à lancer le développement de nouvelles rues. (…) Depuis ce temps, le quartier ne vieillit plus. On l’appelle “ le coin des maisons neuves ”. 

Le secteur de Wyborn a été loti la même année que la rue Alexandra, portant le nom de Hazel en 1915, et renommé en l’honneur du premier maitre de poste. Il s’annexe à Hearst seulement en 1989 et depuis, les limites de la ville sont restées les mêmes. 

Photos : Facebook de Alan Jansson