Être une maman anglophone à Hearst

L’entrevue de cette chronique a été réalisée en anglais. Toutes les citations sont traduites librement. 

La région de Hearst est majoritairement francophone et Sabrina Gibbons, originaire de New Liskeard, ne parle pas le français. En 2014, elle a tout de même pris la décision de s’y installer et de fonder une famille avec son conjoint, Martin Cantin, qui est de la région. Elle se doutait qu’en déménageant à Hearst, elle aurait de la difficulté à trouver un emploi dans son domaine d’administration des affaires. C’est lorsqu’elle est devenue maman que Sabrina a réussi à bien s’intégrer dans la communauté. Ses amies sont majoritairement des mères qu’elle a rencontrées au Centre pour l’enfant et la famille ON y va. 

Avant de déménager à Hearst en 2014, Sabrina avait fait un échange étudiant à Paris, dans une école internationale anglophone. Elle a malheureusement de la difficulté à transférer ses connaissances de la langue française dans son quotidien ici à Hearst, étant donné la différence d’accent et le fait que les gens parlent en slang. Le français écrit sur Facebook est particulièrement difficile à traduire, même avec des traducteurs comme Google ou DeepL. Lors de ses premières années à Hearst, elle faisait plus d’efforts pour amorcer des discussions en français. Cependant, Sabrina se retrouvait toujours à devoir justifier le fait qu’elle ne pouvait pas poursuivre la conversation. « Je me mettais dans le trouble », rigole-t-elle. 

Sabrina raconte qu’à l’école, elle n’a jamais été forte dans les langues. « J’ai toujours été plus une personne de mathématiques. » Lorsque son plus vieux était bébé, Sabrina a continué à apprendre le français sur l’application Duolingo pendant qu’elle allaitait. La réalité de maman l’a vite rattrapée. Une fois les enfants au lit, elle a davantage envie de relaxer que de s’assoir et apprendre une deuxième langue. Le fait que son conjoint travaille à l’extérieur de la ville pendant la semaine limite également son exposition au français. 

Sabrina et Martin ont choisi d’envoyer leurs trois enfants, William (5,5 ans), Esmae (4 ans) et Desmond (1,5 an) dans une école de langue française. « Je sens que c’est vraiment important qu’ils aillent à l’école en français pour qu’ils apprennent la langue », témoigne Sabrina. Un défi pour elle est de bien comprendre les formulaires, les bulletins et les communiqués envoyés par l’école. Bien qu’elle arrive à lire quelques mots-clés, Sabrina préfère demander de l’aide pour la traduction afin de s’assurer d’avoir bien saisi toutes les nuances. Son plus vieux est au jardin d’enfants et elle préfère, pour l’instant, ne pas trop s’imaginer les défis qui viendront avec les devoirs l’an prochain. Elle espère toutefois que la volonté d’aider ses enfants avec leurs travaux lui donnera la motivation de se perfectionner en français. 

Plus ses enfants grandissent, plus elle se plait dans la région de Hearst. Malgré le fait que ce serait plus facile et intéressant si elle pouvait communiquer en français, Sabrina apprécie beaucoup de pouvoir se faire servir dans sa langue et profiter pleinement des activités offertes dans la région.