Bilan 2022 en politique fédérale d’après Yan Plante, analyste politique

Yan Plante, analyste politique.

Au fédéral, l’année 2022 aura été une année de transition vers une autre période préélectorale, résume Yan Plante, vice- président de l’agence de relations publiques TACT et ancien conseiller politique dans le gouvernement de Stephen Harper.

Cette prédiction d’une imminente campagne électorale est tirée de l’état actuel du gouvernement libéral de Justin Trudeau qui, malgré une entente de principe avec le nouveau parti démocratique (NPD), demeure un gouvernement minoritaire.

« Les gouvernements minoritaires durent quelque part entre 16 et 30 mois et le gouvernement Trudeau va fêter ses 15 mois dans quelques jours », décrit l’analyste politique. « Il entre dans cette phase terminale habituelle des gouvernements minoritaires. Je ne serais pas étonné qu’il y ait des élections en 2023 ou très tôt en 2024. »

Une entente inégale

Selon M. Plante, cet automne a donné lieu à un changement de ton de la part des principaux chefs des partis politiques à Ottawa. L’atmosphère serait devenue beaucoup plus partisan avec des partis qui tentent de marquer des points afin de se préparer pour « le grand rendez-vous ». Cette partisanerie est plus apparente avec le chef du NPD, Jagmeet Singh, qui semble changer son fusil d’épaule quant à l’accord libéral-NPD en raison d’un manque de coopération de la part du gouvernement Trudeau dans son entente.

« Je n’ai jamais compris pourquoi [Jagmeet Singh] s’est embarqué dans une entente comme ça », s’exprime-t-il. « Ce n’est jamais à l’avantage d’un parti d’opposition de faire ça, particulièrement quand tu t’allies avec ton adversaire stratégique. »

Selon M. Plante, ce pari de la part du leadeur néodémocrate lui coutera probablement toute chance d’obtenir une quelconque victoire à l’avenir.

« Règle générale, peu importe qui a eu la bonne idée, quand le gouvernement la prend et la met en oeuvre c’est le gouvernement qui en obtient le crédit », souligne-t-il. « Les gens qui vont bénéficier de la nouvelle politique d’assurance dentaire, qui est encore à définir, même si c’est Jagmeet Singh qui l’a proposée, les gens qui vont en bénéficier, vont penser que ça vient du gouvernement. Le problème pour M. Singh c’est qu’il n’a pas beaucoup de visibilité et en plus ça lui complique la vie politique. »

À l’envers de la médaille, Justin Trudeau n’avait rien à perdre en s’associant au NPD. Selon Yan Plante, cette coalition a permis au premier ministre de gagner du temps pour faire l’état de sa situation politique.

« M. Trudeau avait besoin de temps pour mettre en place son héritage politique et prendre sa décision s’il restait ou non et s’il décidait de partir, de passer le flambeau a quelqu’un », résume l’analyste. « Pour lui, c’était là l’intérêt de signer une telle entente. Mais maintenant, c’est assez clair que M. Trudeau va rester. »

Les conservateurs en avance de peu

Un récent sondage d’intention de vote démontre que les conservateurs de Pierre Poilièvre seraient en avance sur les libéraux de Justin Trudeau avec 33 % contre 30 %. Le NPD se retrouve à l’écart avec 21 % de l’électorat. Selon Yan Plante, l’écart de trois points qui sépare les bleus des rouges n’est en rien significatif.

« En 2006, Stephen Harper avait sept points d’avance sur les libéraux de Paul Martin et a obtenu une minorité par la peau des fesses », rappelle-t-il. « Ce qui est intéressant, par contre, c’est ce qui va se passer à la prochaine élection. Puisque M. Trudeau va se représenter, puisqu’il va tenter de devenir le premier depuis Wilfrid Laurier, en 1908, à remporter quatre élections consécutives au niveau fédéral, il va y avoir un désir de changement. »

M. Plante s’attend à une élection « hyper polarisée entre messieurs Trudeau et Poilièvre. Un affrontement qui risque de gêner énormément M. Singh.

« M. Trudeau va faire appel aux électeurs de Singh en disant que l’alternative est un gouvernement Poilièvre. La réalité est que Singh est dans le gros trouble politique, puis je ne sais pas comment il va s’en sortir », conclut M. Plante.