Préserver le savoir des porte-paroles franco-ontariens

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a plus de 100 ans d’histoire et a mis au monde 35 présidents et présidentes. Afin de mettre en valeur leur vécu et leurs connaissances, le spécialiste de l’histoire politique et institutionnelle des minorités francophones canadiennes, Serge Dupuis, a pondu un essai colligeant l’histoire des leadeurs franco-ontariens qu’il ne faudrait certainement pas oublier.

Le projet s’inscrit dans un objectif du plan stratégique communautaire de l’AFO en vue de mettre en valeur des modèles déterminants du passé de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) et de l’AFO.

De plus, il voulait préserver la mémoire des anciens présidents qui étaient toujours de ce monde. « Pour ceux qui étaient décédés, j’ai eu à faire plus de recherche documentaire, explique M. Dupuis. On a voulu raconter l’histoire politique franco-ontarienne, certes l’histoire de l’organisation, mais aussi par les parcours de vie individuels de ces personnes-là sur 150 ans. »

L’auteur voulait rendre la lecture du livre juste et utile pour qu’il soit accessible à un grand nombre de lecteurs. En se concentrant sur le parcours de vie de leadeurs franco-ontariens qu’il humanise à travers son livre, les récits « peuvent parler à tout le monde », sans être obligé de connaitre toutes les péripéties de l’histoire organisationnelle des porte-paroles franco-ontariens.

Des militants « inspirants »

En s’entretenant avec les anciennes présidences, il a découvert des personnes qui ont souvent été sensibilisées et ont une prise de conscience par rapport à la condition franco-ontarienne.

« Il y en a que c’est arrivé très jeune, d’autres que c’est arrivé plus tard, mais qui leur a donné une impulsion ou une envie de jouer un rôle politique pour le développement de cette communauté-là », dit-il.

Parmi les présidents, ces rencontres avec les premières femmes en fonction ont été des plus inspirantes. Confrontées à plusieurs défis en tant que femmes et francophones en milieu minoritaire, les présidentes n’avaient pas le profil des personnes précédentes à la tête des organisations porte-paroles.

« Elles ont eu à confronter des défis particuliers et puis elles ont pu être particulièrement efficaces dans leur fonction. »

Sur 35 personnes à diriger l’AFO, quatre furent des femmes.

L’évolution organisationnelle

La gestion de l’éducation de langue française en Ontario et l’accès à cette éducation a été un fil conducteur de la lutte franco-ontarienne de 1910 à nos jours. En partant de la lutte contre le Règlement 17, une loi provinciale qui interdisait l’éducation en français dans les écoles primaires en province, la communauté francophone de l’Ontario se bat aujourd’hui pour une cause similaire : l’éducation postsecondaire en français.

Le dossier va de l’avant, mais la viabilité à moyen terme et à long terme des établissements universitaires n’est toujours pas assurée, ce qui fait en sorte que l’organisme ne cesse de militer pour l’accès à l’éducation en français.

Au fil du temps, les organismes porte-paroles ont pu s’intéresser à d’autres problématiques, dont le développement des paroisses et la colonisation canadiennefrançaise ainsi que, depuis quelques années, l’accès aux services médicaux et gouvernementaux en français. En 2010, l’AFO a décidé de s’appeler une assemblée au lieu d’une association afin de démocratiser l’organisation pour se pencher de plus en plus vers les francophones qui s’autogouvernent.