Dis-moi où tu achètes tes appâts, je te dirai où tu pêches !
Les nouvelles limites du transport des appâts compliquent largement les ventes des commerçants, dont Typer’s Bait and Tackle situé sur la rue Front. Les propriétaires ont tenté d’obtenir des précisions concernant cette nouvelle règlementation auprès du ministère concerné.
En suivant cette nouvelle règlementation à la lettre, les pêcheurs se dirigeant vers les lacs à l’ouest de Hearst et au sud de la route 11 devront acheter leurs appâts à Longlac ou encore à Hornepayne pour que ce soit légal. Mais attention, si les lacs se trouvent au nord de la route 11, il s’agit d’un autre territoire qui comprend la Première Nation de Constance Lake, mais pas le village de Constance Lake où se trouve la scierie, puisque la démarcation entre ces deux territoires les divise.
Typer’s Bait and Tackle se retrouve à la croisée de trois territoires, soit les zones 3, 7 et 8 ! Selon les divisions sur la carte, aucun commerce ne dessert la zone 3.
Inquiet face à l’avenir de son entreprise, Sébastien Lizotte de Typer’s Bait and Tackle a communiqué avec le ministère du Développement du Nord, des Mines, des Richesses naturelles et des Forêts. « On a envoyé un beau e-mail, une belle map disant quel était le problème, puis la réponse qu’on m’a fait parvenir indique, et je lis leur e-mail tel quel : “It sounds silly a bit”, mais d’aller acheter nos baits à deux ou trois heures en dehors de la ville ». Le problème serait moins compliqué si je me bâtissais une nouvelle shop l’autre bord de la track », explique avec stupéfaction le pêcheur professionnel.
Réponse du ministère
Dans la lettre de Sarah Mc Dougall, la coordonnatrice au ministère du Développement du Nord, des Mines, des Richesses naturelles et des Forêts, envoyée aux propriétaires de Typer’s Bait and Tackle, et que le journal Le Nord a obtenue, il est stipulé que la stratégie ontarienne de gestion des zones des appâts a été finalisée en 2020 après un examen complet des options existantes et potentielles ainsi qu’une consultation et un engagement du public, des intervenants et de l’industrie. Elle ajoute qu’avant 2022, les appâts étaient déplacés sur de grandes distances et il y avait un risque que les espèces envahissantes et des maladies soient transportées par les appâts. Elle ajoute que cette nouvelle pratique aidera à protéger les poissons et la biodiversité de l’Ontario.
On peut également lire que cette décision a été prise pour diverses raisons, notamment puisqu’il s’agissait du choix des consultations, que les zones étaient déjà existantes et que les pêcheurs les connaissent. Mme Mc Dougall répète à plusieurs reprises dans sa lettre que des consultations sur les propositions ont été menées en 2017 et des ajustements ont été proposés en 2019, et qu’aucun commentaire n’a été soumis.
Les réponses obtenues dans cette lettre sont très loin de convaincre le propriétaire du commerce. « C’est les mêmes minnows, les mêmes criques, c’est quoi qui arrive quand le minnow traverse la zone, cibole ! Elle est où cette étude-là, et les consultations ont eu lieu où ? J’aimerais, si c’est une aussi grosse étude que ça, qu’ils la mettent publique l’étude pour que le public comprenne aussi », exige-t-il avec conviction.
Toujours selon la carte séparant les zones, les citoyens de Jogues et de Coppell ne pourront pas traverser la 583 avec leurs appâts, puisque la 583 divise les zones 7 et 8.
Vérifications
Le ministère responsable du dossier n’a pas encore indiqué comment les gardes forestiers feront pour faire respecter la loi.
Selon le député provincial de Mushkeguwok-Baie James, Guy Bourgouin, les amateurs de pêche auront tout intérêt à conserver la facture de l’achat des appâts.
Selon ce que nous avons appris, les pêcheurs habitués de capturer leurs propres appâts devront pêcher dans la zone de leur adresse résidentielle permanente, peu importe où les appâts ont été ramassés.