Alimenter son entreprise à L’énergie solaire gratuitement

Bien que les coûts liés à linstallation dun système d’énergie solaire aient baissé depuis 30 ans, ce type d’énergie est plus cher que l’électricité traditionnelle. Mais pour aider les entreprises qui souhaitent tirer avantage de la lumière que peuvent absorber leurs larges toits, des coopératives d’énergie offrent linstallation de panneaux solaires gratuitement. L’économie se reflète dans le portefeuille de la compagnie, et dans son empreinte carbone.

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Charles Fontaine – IJL – Réseau.Presse Le Droit

 À 30 km au sud du centre-ville d’Ottawa se trouve le petit village de Manotick Station, où on retrouve l’une des plus grandes concentrations de panneaux d’énergie solaire en Ontario. Quatre des 25 maisons génèrent de l’énergie solaire, dont la ferme de Dick Bakker. Elle abrite son magasin One World Bazaar, qui vend des produits artisanaux de toutes sortes. Il obtient un revenu pour l’énergie qu’il génère étant donné qu’elle est vendue à la province. Lorsqu’on a installé l’énergie solaire sur sa propriété en 2015, il a pu bénéficier du Programme de tarifs de rachat garantis qui lui garantit un prix pour l’énergie qu’il vend à l’Ontario pendant 20 ans.

Ce programme mis sur pied en 2009 était très intéressant car il garantissait un retour sur tout investissement. C’est dans cette optique que M. Bakker, avec quatre autres partenaires, a fondé la Coopérative d’énergie renouvelable d’Ottawa (OREC), en 2010. « Je crois fortement dans la décentralisation de l’électricité, on s’en va vers un modèle qui est plus individuel. On n’a rien inventé, il y a plusieurs endroits en Europe qui utilisent ce modèle, mais il n’y en a pas beaucoup au Canada », dit celui qui a été jadis président de la coop.

OREC regroupe plus de 900 membres investisseurs. La coop utilise cet argent pour réaliser et améliorer des projets d’énergie renouvelable, solaire pour la plupart. Les revenus que génère l’énergie produite reviennent aux membres sous forme de dividendes.

Les panneaux installés sur la ferme de M. Bakker ont coûté 205000 $ à la coop et réduisent son utilisation de gaz à effets de serre de 16,47 tonnes par an. Après 11 ans à produire de l’électricité, OREC et lui commenceront à en tirer un revenu.

Priorité aux grandes compagnies

Cependant, le Programme de tarifs de rachat garantis a pris fin en 2018, ce qui limite les projets que peut réaliser OREC.

Ceux entamés durant cette période sont toutefois honorés avec le contrat de 20 ans.

Comme la province n’offre plus de revenu pour les installations qui fournissent de l’énergie renouvelable, OREC se concentre seulement sur les grandes installations qui peuvent générer une grande quantité d’énergie.

« Maintenant que le programme n’existe plus, c’est plus difficile de démarrer des projets, admet Marion Siekierski, directrice générale et seule employée à temps plein de la coop. Les petites installations n’ont plus de sens économiquement maintenant. Nous nous concentrons sur les grandes étendues comme les toits de musées, d’écoles et d’universités. Les partenaires sont crédités pour l’électricité qu’ils produisent et ils peuvent l’utiliser quand ils veulent pour une période d’un an. Il faut s’assurer de construire des panneaux qui vont générer le montant d’électricité correspondant à l’utilisation estimée, car sinon, l’électricité additionnelle est donnée au réseau. »

Deux écoles du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est et le Musée de la science et de la technologie du Canada sont des exemples de projets réalisés dans les dernières années.

En faisant affaire avec OREC, ils paient un montant garanti d’électricité pour les 20 ou 30 prochaines années, donc ils économisent sur l’inflation de l’énergie.

Vers un modèle plus individuel

Mme Siekierski critique la façon dont l’énergie est partagée en Ontario. « L’énergie renouvelable à petite échelle n’est pas encouragée en Ontario et nous avons besoin de plus d’énergie renouvelable. Le système favorise les grandes compagnies, car l’électricité est seulement créditée à une personne et non plusieurs. Ça nous empêche de travailler avec un immeuble d’habitation par exemple. Nous demandons aux gouvernements de rendre le marché plus accessible pour la distribution de l’énergie renouvelable. »

La directrice souhaite agrandir le nombre de membres et de projets et convaincre les gouvernements de changer la donne. « Il y a des développements positifs, nous sommes optimistes quant à la suite des choses. Nous souhaitons que la province enlève certaines barrières pour les coopératives. Pour les petits projets, les coûts administratifs sont trop élevés, alors on ne génère pas assez de revenus pour payer les actionnaires. On voudrait mettre des panneaux solaires un peu partout et générer des revenus avec l’électricité qui est générée. D’autres provinces acceptent ce genre de projet, mais l’Ontario privilégie les grandes compagnies. »

Bakker et Siekierski souhaitent que la province se dirige vers un modèle d’énergie renouvelable avec plusieurs installations, plus proche des clients, comme le permet l’énergie solaire. Même si elle ne peut pas contribuer avec les coopératives d’habitation, OREC continue de générer de l’électricité sur les larges surfaces au-dessus des édifices.

Photos

Les panneaux solaires sur le toit de l’école Mer Bleue, à Ottawa (Le Droit, Patrick Woodbury)

Dick Bakker, propriétaire de One World Bazaar (Le Droit, Patrick Woodbury/Le Droit, Patrick Woodbury)

Marion Siekierski, directrice générale de la coopérative d’énergie renouvelable d’Ottawa (Le Droit, Patrick Woodbury/Le Droit, Patrick Woodbury)