Le nouveau président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Fabien Hébert, a été présenté aux élus de Queen’s Park dans le cadre d’un 5 à 7 mardi dernier devant la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, et le porte-parole de l’opposition aux Affaires francophones, Guy Bourgouin.
Fabien Hébert devient la deuxième personne originaire de Hearst à prendre la tête de l’AFO. Mariette Carrier-Fraser fut la première présidente de l’histoire de l’Assemblée de la franco-phonie lors de sa création en 2006. Elle avait cédé sa place en 2010 à Denis Vaillancourt qui a ensuite remis les rênes de l’organisme à Carol Jolin en 2016.
Fabien Hébert a été préféré à l’ancienne mairesse de Moonbeam, Nicole Fortier Levesque, grâce au fait qu’il provient du milieu de la santé. Comme il a été mentionné sur les ondes de la radio CINN 91,1, le nouveau président de l’AFO souhaite répondre aux besoins de la communauté francophone de l’Ontario en matière de santé puisqu’il est démontré que les Franco-Ontariens sont en moins bonne santé.
Il ajoutait que l’Université de Sudbury et l’intégration des nouveaux arrivants sont aussi des dossiers importants pour lui.
Si Fabien Hébert est une personnalité connue dans le Nord de l’Ontario, il l’est beaucoup moins pour le sud ! Présentement président du conseil d’administration de l’Université de Hearst, le thérapeute respiratoire de formation a occupé les fonctions de vice-président des soins aux patients et des ressources humaines de 1992 à 2004 à l’Hôpital Notre-Dame de Hearst. Il fut également président- directeur général de l’hôpital de Smooth Rock Falls de juin 2004 à septembre 2018.
La présidence de l’AFO est considérée comme un poste rémunéré à temps partiel. Les trois premiers présidents étaient installés dans la capitale nationale. Pour M. Hébert, le fait de demeurer à Hearst n’est pas un problème. « Avec la technologie, nous sommes en mesure de prendre part à n’importe quelle rencontre par ordinateur. Et, de toute façon, que tu demeures à Ottawa ou Hearst, c’est à Toronto que ça se passe, donc je n’ai qu’à prendre l’avion », indique-t-il.
FRANCOPRESSE – Le discours du Trône du 23 novembre était attendu des communautés francophones en situation minoritaire, notamment pour en savoir davantage sur la forme que prendra le projet de modernisation de la Loi sur les langues officielles, mais aussi sur les questions d’immigration et d’éducation.
Inès Lombardo – Francopresse
Mary May Simon a livré le discours en anglais, en inuktitut — fait historique — et à 18 % en français.
Lors de sa nomination l’été dernier, les communautés francophones avaient vivement critiqué le fait qu’elle ne parle pas français. La plupart des organismes francophones ont toutefois salué son effort de livrer une partie du discours du Trône en français.
« Initialement, nous n’étions pas contents de cette nomination. Son discours en français hier est un signal qu’elle le travaille, qu’elle prend des cours. On salue cela. Avec le temps, ça va s’améliorer », affirme Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).
Du côté de l’Atlantique, le ton est plus dur : « On veut la réconciliation, on veut qu’une représentante des Premières Nations soit gouverneure générale. Mais on pourrait penser qu’il y a surement beaucoup de membres des Premières Nations au pays, et surtout au Québec, qui auraient pu occuper ce poste et parler le français », suggère Roger Ouellette, professeur à l’École des hautes études publiques (HEP) à l’Université de Moncton, qui souligne que le discours a été livré « péniblement » dans cette langue.
1124 Francopresse_Analyse discours du Trône_Roger Ouellette_Cr. Courtoisie : Roger Ouellette prévoit que les lettres de mandat des ministres fédéraux seront plus explicites que le discours du Trône. (Crédit : Courtoisie)
Alexandre Cédric Doucet, président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) qui est actuellement devant les tribunaux au sujet de l’unilinguisme anglophone de leur lieutenante-gouverneure, Brenda Murphy, assure qu’il y a « des comparaisons à faire » entre les deux représentantes de la reine.
Encore des points d’interrogation pour les langues officielles
Pour Roger Ouellette,si le discours du Trône ne va pas en profondeur, car ce n’est pas sa nature, les lettres de mandat [des ministres fédéraux] seront plus explicites.
Alexandre Cédric Doucet souligne pourtant un manque de détails : « Vu que le projet de loi [visant à moderniser la Loi sur les langues officielles] risque de jouer un grand rôle au nom de l’unité nationale, nous sommes un peu déçus. »
1124 Francopresse_Analyse discours du Trône_Alexandre Cédric Doucet_Cr. Courtoisie : Alexandre Cédric Doucet, président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick. (Crédit : Courtoisie)
Le fait que le projet ne fasse pas partie des priorités avant Noël constitue une déception pour la SANB. «Pour être cohérents avec leurs promesses électorales, il aurait été bon que les libéraux précisent la date de dépôt, vu que c’est une demande des communautés francophones depuis six ans, et précisent si le projet sera déposé dans son état actuel ou non», indique Alexandre Cédric Doucet.
La SANB demande notamment que ce soit uniquement le Conseil du Trésor qui surveille le respect de la partie 7 de la Loi. Actuellement, le rôle est partagé entre le Conseil du Trésor et Patrimoine canadien dans le projet de loi.
En Ontario, l’AFO aussi aurait aimé savoir si le projet sera redéposé tel quel ou non. Pour Carol Jolin, « il manque encore des éléments extrêmement importants sans lesquels la Loi aura des trous et ne sera pas plus respectée qu’elle ne l’est présentement ».
1124 Francopresse_Analyse discours du Trône_Carol Jolin_Cr. Courtoisie AFO : Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. (Crédit : Courtoisie AFO)
Ces « trous » seraient comblés par les quatre amendements réclamés par la FCFA à la fin octobre, selon le président de l’AFO.
Lynn Brouillette, présidente-directrice générale de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), assure pour sa part être « enchantée » de voir que le gouvernement juge « crucial » l’appui aux communautés francophones en situation minoritaire.
1124 Francopresse_Analyse discours du Trône_Lynn Brouillette_Cr. Courtoisie ACUFC : Lynn Brouillette, PDG de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne, assure être «enchantée» de voir que le gouvernement juge «crucial» l’appui aux communautés francophones en situation minoritaire. (Crédit : Courtoisie ACUFC)
« Ça vient renforcer le discours sur l’asymétrie des langues, en rappelant que le français est la langue qui doit être protégée et promue au pays », indique-t-elle.
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Extrait du discours du Trône :
Les deux langues officielles font partie de notre identité.
Il est crucial d’appuyer les communautés de langue officielle en situation minoritaire et de protéger et promouvoir le français non seulement à l’extérieur du Québec, mais également au Québec.
Le gouvernement déposera sa proposition de Loi visant l’égalité réelle du français et de l’anglais et le renforcement de la Loi sur les langues officielles.
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Et l’éducation?
Malgré l’intention du gouvernement de redéposer un projet de modernisation, la PDG de l’ACUFC considère qu’« il aurait à gagner à prendre en considération les modifications, notamment sur la question des mesures positives. On veut s’assurer que cette partie appuie le réseau postsecondaire. Présentement, la façon dont c’est écrit [dans le projet de loi], c’est comme si le postsecondaire était exclu des mesures positives ».
L’ACUFC salue également la mise en place d’un «tout premier système d’apprentissage et de garde d’enfants pancanadien» dans le discours.
« Pour nous, c’est d’autant plus intéressant vu que la garde d’enfants est le début du continuum d’éducation qui mène jusqu’au postsecondaire », assure Lynn Brouillette.
L’éducation en général et en français est pourtant la grande absente du discours du Trône, estime de son côté Lily Crist, présidente de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB).
1124 Francopresse_Analyse discours du Trône_Lily Crist_Cr. Courtoisie : Lily Crist, présidente de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique. (Crédit : Courtoisie)
«Je comprends que les sujets de société abordés soient très importants, évidemment, mais des institutions francophones manquent de moyens et d’indépendance adéquats et vivotent».
Sur l’immigration, les communautés francophones veulent une cible claire à atteindre.
La PDG de l’ACUFC a été « agréablement surprise » de l’intention du gouvernement de réduire les temps d’attente pour immigrer. Mais « la question d’atteindre la cible est importante pour nous, précise Lynn Brouillette. Notre réseau d’établissements postsecondaires est un allié du fédéral parce que nous accueillons des étudiants qui arrivent de pays francophones et qui souvent veulent rester au Canada ».
Une étude menée par l’ACUFC démontre que « la plupart des participants à l’enquête des étudiants internationaux francophones (91 %) ont l’intention de chercher un emploi au Canada après avoir terminé leur programme d’études » et que « (92 %) habitent toujours au pays après avoir terminé leur programme d’études ».
Côté ontarien, Carol Jolin rappelle que la cible en immigration francophone de la province, fixée à 5 % depuis 2012, n’a pas été atteinte avant cette année, et que la cible fédérale de 4,4 % ne l’a jamais été.
« Il faut que gouvernement fédéral mette en branle ces cibles pour les dépasser et être capable de rattraper le temps perdu, car notre poids démographique ne cesse de descendre. C’est un consensus de tous les partis, il ne manque que la décision de la ministre Ginette Petitpas Taylor sur ce point », explique-t-il.
Photo principale : 1124 Francopresse_Analyse discours du Trône_Sénat_Cr. Andrew Smith – Flickr : Le discours du Trône du 23 novembre était attendu des communautés francophones en situation minoritaire, notamment pour en savoir davantage sur la forme que prendra le projet de modernisation de la Loi sur les langues officielles, mais aussi sur les questions d’immigration et d’éducation. (Crédit : Andrew Smith – Flickr)
L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a plus de 100 ans d’histoire et a mis au monde 35 présidents et présidentes. Afin de mettre en valeur leur vécu et leurs connaissances, le spécialiste de l’histoire politique et institutionnelle des minorités francophones canadiennes, Serge Dupuis, a pondu un essai colligeant l’histoire des leadeurs franco-ontariens qu’il ne faudrait certainement pas oublier.
Le projet s’inscrit dans un objectif du plan stratégique communautaire de l’AFO en vue de mettre en valeur des modèles déterminants du passé de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) et de l’AFO.
De plus, il voulait préserver la mémoire des anciens présidents qui étaient toujours de ce monde. « Pour ceux qui étaient décédés, j’ai eu à faire plus de recherche documentaire, explique M. Dupuis. On a voulu raconter l’histoire politique franco-ontarienne, certes l’histoire de l’organisation, mais aussi par les parcours de vie individuels de ces personnes-là sur 150 ans. »
L’auteur voulait rendre la lecture du livre juste et utile pour qu’il soit accessible à un grand nombre de lecteurs. En se concentrant sur le parcours de vie de leadeurs franco-ontariens qu’il humanise à travers son livre, les récits « peuvent parler à tout le monde », sans être obligé de connaitre toutes les péripéties de l’histoire organisationnelle des porte-paroles franco-ontariens.
Des militants « inspirants »
En s’entretenant avec les anciennes présidences, il a découvert des personnes qui ont souvent été sensibilisées et ont une prise de conscience par rapport à la condition franco-ontarienne.
« Il y en a que c’est arrivé très jeune, d’autres que c’est arrivé plus tard, mais qui leur a donné une impulsion ou une envie de jouer un rôle politique pour le développement de cette communauté-là », dit-il.
Parmi les présidents, ces rencontres avec les premières femmes en fonction ont été des plus inspirantes. Confrontées à plusieurs défis en tant que femmes et francophones en milieu minoritaire, les présidentes n’avaient pas le profil des personnes précédentes à la tête des organisations porte-paroles.
« Elles ont eu à confronter des défis particuliers et puis elles ont pu être particulièrement efficaces dans leur fonction. »
Sur 35 personnes à diriger l’AFO, quatre furent des femmes.
L’évolution organisationnelle
La gestion de l’éducation de langue française en Ontario et l’accès à cette éducation a été un fil conducteur de la lutte franco-ontarienne de 1910 à nos jours. En partant de la lutte contre le Règlement 17, une loi provinciale qui interdisait l’éducation en français dans les écoles primaires en province, la communauté francophone de l’Ontario se bat aujourd’hui pour une cause similaire : l’éducation postsecondaire en français.
Le dossier va de l’avant, mais la viabilité à moyen terme et à long terme des établissements universitaires n’est toujours pas assurée, ce qui fait en sorte que l’organisme ne cesse de militer pour l’accès à l’éducation en français.
Au fil du temps, les organismes porte-paroles ont pu s’intéresser à d’autres problématiques, dont le développement des paroisses et la colonisation canadiennefrançaise ainsi que, depuis quelques années, l’accès aux services médicaux et gouvernementaux en français. En 2010, l’AFO a décidé de s’appeler une assemblée au lieu d’une association afin de démocratiser l’organisation pour se pencher de plus en plus vers les francophones qui s’autogouvernent.