Skip to content

Le 8 avril dernier, l’éclipse solaire n’était pas totale dans le nord de l’Ontario, mais le sujet a poussé Maurice Carrier à partager avec les gens les vestiges entourant celle de 1954. Sa publication Facebook a suscité beaucoup d’attention et M. Carrier avait l’idée d’en faire un projet de commémoration touristique. Il a demandé de l’aide à la Municipalité pour le concrétiser.

Des gens de partout sur le continent s’étaient rendus à Mattice, sur les terres familiales des Carrier-Plamondon, pour observer l’éclipse, notamment une équipe d’astronomes de la Milwaukee Astronomy Society (MAS). Ces personnes ont préparé, pendant des jours, un campement afin d’installer leur équipement. Ils ont laissé derrière eux un baril de fer, coulé en béton, pour y apposer une plaque commémorative.

Le conseil a dû refuser la demande du citoyen, faute de fonds disponibles, mais trouve l’anecdote intéressante et désire en parler sur son site web. De plus, la directrice générale de la Municipalité, Guylaine Coulombe, a entrepris des démarches et contacté l’historien qui est responsable du site web de la MAS. Depuis leurs échanges, de nouvelles photos et informations ont été rajoutées au site.

L’idée de Maurice Carrier serait de mettre un ponceau pour traverser le fossé entre le chemin et le baril, d’aménager le terrain avec du gravier, de couper l’herbe autour et placer une enseigne visible pour que le lieu soit plus apparent. L’homme ramasse de l’information à ce sujet et veut en faire un emplacement historique.

De nos jours, avec la technologie, il est possible de retracer la trajectoire de cette éclipse totale. La petite communauté rurale était sur la route du phénomène rare, et accessible par voies ferroviaire et routière. Dans le Journal de la Société royale d’astronomie du Canada, un article est paru en mars-avril 1954, expliquant en détail comment se rendre aux destinations qui se trouvaient sur le passage de l’éclipse dans le nord de la province.

Selon des articles du journal Le Soleil, en plus des astronomes américains, des membres montréalais de la Société royale d’astronomie du Canada étaient présents. Un passage d’un texte de Geological Survey of Canada open file 1945 affirme qu’une équipe de l’Université de Toronto s’est également rendue à Mattice ce jour-là. Un avion était sur place pour pouvoir amener les observateurs au-dessus des nuages, mais le plafond atmosphérique était tellement bas que l’avion n’a même pas pu décoller.

Carrier n’était pas encore né à l’époque, mais il se rappelle de s’être fait raconter l’histoire par des membres de sa famille à mainte reprise. Lorsqu’il a publié sur les réseaux sociaux à ce sujet, les natifs de Mattice se sont mis à ajouter à l’histoire pour raconter que des astronomes s’étaient aussi installés au Shallow Lake.

Malheureusement pour tout ce beau monde, le ciel était couvert ce matin-là et ils n’ont pas réussi à capturer des clichés ni observer le phénomène. Voici un extrait du journal Le Soleil de Québec du 30 juin 1954 : « À Mattice, qui se trouve à peu près au centre du ruban d’obscurité, les spécialistes, qui s’étaient affairés pendant la nuit au milieu de nombreux amateurs venus de toutes les parties du continent, n’ont que greloté dans le matin froid au moment où la lune commençait son passage entre le soleil et la terre, à 6 h 10, heure avancée de l’Est. On ne pouvait discerner qu’un obscurcissement à peine perceptible à travers la couche de nuages estimée à une épaisseur de 1 500 pieds. L’obscurcissement se fit plus manifeste à mesure qu’approchait la période commençant à 7 h 10 min 21 s (HAE) pour durer 89 secondes. »

Maurice Carrier compte bien aller de l’avant avec son projet. Il souhaite récolter plus d’informations ou même de nouveaux témoignages de ceux qui se souviennent de cette époque.

Bill Albrecht, Bill Konig, Dave Knapp, Jeff Neff, Richard Fink
Photo source : https://milwaukeeastro.org/history/history1952-63.asp

 

Maurice Carrier devant le baril
laissé par les cinq Américains
Photos : Renée-Pier Fontaine