Des Franco-Ontariens ont eu des difficultés à avoir accès au dépistage de la COVID-19 et à la vaccination contre ce virus dans leur langue maternelle au cours de la dernière année.
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« Les limites de la Loi sur les services en français suscitent des enjeux importants pour les services en français et ces enjeux peuvent avoir un impact significatif sur la santé et la sécurité du public », affirme la Commissaire aux services en français, Kelly Burke, dans son rapport annuel publié mardi.
Dans son document de 52 pages, Kelly Burke donne plusieurs exemples de situations où des francophones n’ont pas pu obtenir des services liés à la santé publique dans la langue de Molière.
Isolement préventif
Une personne s’est plainte au bureau de l’Ombudsman de l’Ontario après avoir reçu un appel en anglais du ministère de la Santé.
Le ministère appelait des voyageurs placés en isolement préventif après un voyage à l’étranger pour s’assurer qu’ils respectaient bien les conditions de leur mise en quarantaine.
Ces mesures comprennent le rappel de ne pas sortir de chez soi et le suivi des tests de dépistage, notamment.
Le plaignant avait demandé d’être servi en français, chose que le ministère lui a refusée.
Mesures de santé publique et dépistage
Un Ontarien a envoyé une plainte au bureau de la Commissaire après avoir voulu se connecter à la version française d’un portail de prise de rendez-vous pour le dépistage de la COVID-19 chez les élèves et les enseignants asymptomatiques.
Le ministère avait commandé ce portail dans les deux langues pour desservir les 72 conseils scolaires de l’Ontario, mais il n’était disponible qu’en anglais.
« Nous avons soulevé l’enjeu auprès du ministère de l’Éducation, qui a retiré le site web en anglais et choisi un nouveau fournisseur de service ayant la capacité d’offrir des services en français », affirme Kelly Burke dans son rapport.
Bureaux de santé publique et vaccination
Les bureaux de santé publique et plusieurs fournisseurs de services impliqués dans le dépistage et la vaccination devraient être assujettis à la Loi sur les services en français, croit la Commissaire.
« Les francophones estiment, avec raison, qu’il est d’autant plus important en temps de crise sanitaire d’avoir accès aux informations en français, sans délai, pour les rassurer et les garder au courant des consignes successives. »
— Kelly Burke, Commissaire aux services en français
Sinon, ils devraient tout de même offrir des services bilingues en matière de vaccination contre la COVID-19, entre autres, note-t-elle.
Communications dans les deux langues ?
En janvier 2021, plusieurs plaintes ont été envoyées à l’Unité des services en français lorsque des mesures de confinement ont été annoncées par le gouvernement Ford.
Certaines de ces mesures, y compris le prolongement de la fermeture des écoles, ont été communiquées en anglais seulement, ou en français, mais en accusant de longs délais.
« Nous avons été contactés par plusieurs personnes au sujet des retards de publication de la version française des communiqués de presse du gouvernement en lien avec de nouvelles mesures contre la COVID-19. Les 7 et 12 janvier, les communiqués de presse en français ont été publiés 4 à 7 heures après la version anglaise », indique la Commissaire.
Parmi les plaignants: des parents qui jugent que « non seulement toutes les informations devraient être disponibles en même temps dans les deux langues, mais surtout les informations concernant les écoles et les consignes de restrictions ».
Une mère a soulevé à l’Ombudsman le fait que les consignes en anglais n’étaient pas claires et qu’elle voulait avoir accès à l’information en français pour s’assurer de bien les comprendre.
« Frustration »
Plusieurs responsables communautaires dont le travail est de relayer les informations communiquées par le gouvernement ont «exprimé de la frustration» de devoir attendre que la version française soit rendue disponible, et que cela retardait le travail de communication requis de leur part.
Selon les plaignants, il est frustrant de constater que le gouvernement utilise l’état d’urgence pour justifier des manquements à ses obligations en matière de communications dans les deux langues officielles, note Kelly Burke.
Au contraire, « ces francophones s’attendaient à ce que l’état d’urgence élève la priorité donnée à l’obligation du gouvernement de communiquer dans les deux langues ».
« Les francophones estiment, avec raison, qu’il est d’autant plus important en temps de crise sanitaire d’avoir accès aux informations en français, sans délai, pour les rassurer et les garder au courant des consignes successives ».
La Commissaire a appris, après avoir soulevé la question auprès du Bureau du Conseil des ministres, que dans un cas, le processus de traduction n’a été entamé qu’une fois le communiqué de presse en anglais publié.
Photo : Capture d’écran d’une vidéo