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Le tablier

J’ai toujours vu ma mère et ma grand-mère avec un tablier. C’est un genre de couvre tout qu’elles portaient pour protéger leur robe. Dans ce temps-là, les femmes n’avaient qu’une seule robe de dimanche et deux robes de semaine. 

Je n’ai jamais vu un vêtement qui avait des usages aussi multiples que le tablier. Quand ma mère allait au poulailler, elle utilisait son tablier comme panier pour rapporter les oeufs. Même chose quand elle allait au jardin : elle en revenait avec un tablier plein de carottes, de navets, de fèves jaunes. Très utile aussi quand venait le temps d’entrer des éclats de bois pour allumer le poêle à bois. Son tablier servait aussi à lui protéger les mains quand elle sortait un plat chaud du fourneau. 

Lorsque des visiteurs arrivaient sans s’être annoncés, le tablier devenait, en l’espace de quelques secondes, un linge à épousseter qui faisait vite disparaitre la poussière sur les meubles. Après, les enfants pouvaient se cacher derrière quand ils étaient trop gênés pour faire face au vieux mononcle barbu. 

Quand le repas était prêt, maman sortait sur le perron et agitait son tablier. Les hommes qui travaillaient dans le champ connaissaient ce signal qui les avertissait qu’il était temps de rentrer pour manger. 

Le tablier permettait même d’essuyer des larmes quand le plus jeune entrait avec un genou ou un coude écorché. Il était sans doute tombé en essayant de courir pour suivre les plus vieux. Et le tablier servait aussi à éponger la sueur qui coulait sur son front quand elle lavait le plancher de bois à quatre pattes avec une grosse brosse, ou qu’elle faisait cuire des crêpes sur le poêle à bois. 

N’est-ce pas que le tablier était un vêtement indispensable pour la mère de famille ?