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Allaiter peut représenter un défi pour plusieurs mamans. Karolann Dufour en a vu de toutes les couleurs avec son petit dernier, Nalek, qui a maintenant 1 an. Elle, qui a pourtant allaité ses deux premiers, Lohranne (4 ans) et Manaël (3 ans), sans problèmes a connu son lot de défis dès les premiers boires de son troisième qui était incapable de prendre le sein. 

Dans les semaines suivant l’accouchement, les problèmes se sont multipliés pour Karolann. Malgré les mastites et l’obstruction des conduits de lait, il n’était pas question d’abandonner l’allaitement. Toutes les solutions étaient envisageables pour permettre de continuer à essayer : utiliser la tèterelle, pomper du lait et même complémenter avec du lait maternisé. 

Puisque Nalek avait également un comportement anormal à la bouteille, c’était évident qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. À 6 semaines, il a finalement réussi à bien prendre le sein grâce à l’appui crucial d’une amie. Karolann était soulagée puisque l’allaitement était très important pour elle. « On m’aurait enlevé ça au troisième et ça m’aurait enlevé une partie d’être maman. Je ne me voyais pas être maman sans allaiter. » 

Par la suite, Nalek avait toujours des problèmes de sommeil et de régurgitation. De son côté, Karolann sentait que la tétée n’était pas optimale. Elle a donc été chercher de l’aide médicale pour cerner le problème. C’est finalement à 4 mois, dans une clinique spécialisée de Toronto, que Nalek s’est fait enlever son frein de langue. « Quand il a eu son frein de langue réparé, je l’ai vu tout de suite, ç’a été instantané ; il fallait que je regarde s’il buvait tellement je ne sentais plus rien », raconte-t-elle. 

La réparation du frein de langue de Nalek a permis de mettre en lumière des symptômes associés aux reflux gastriques. Les traitements ostéopathiques et la médication sont finalement venus à bout du problème, et Karolann a finalement allaité jusqu’à 11 mois. 

Pour pallier aux problèmes de sommeil et aux pleurs de Nalek, Karolann devait l’avoir dans ses bras ou en portage presque 24 h sur 24, c’était épuisant. Elle affirme avoir senti beaucoup de jugement de la part des autres qui lui trouvaient toutes sortes de raisons pour justifier le comportement de Nalek, allant même jusqu’à supposer qu’elle était en dépression postpartum. 

Karolann croit fermement que les mères devraient avoir l’aide dont elles ont besoin pour prévenir l’abandon précoce de l’allaitement ou éviter de mauvaises expériences. « J’ai été scandalisée, à mon troisième, de réaliser à quel point il manque des services. Dans un hôpital, on donne la vie, mais on n’a pas le soutien de quelqu’un spécialisé en allaitement », dit-elle avec beaucoup d’émotions. « Tu peux avoir l’accouchement parfait, mais tu n’es pas dans un état pour gérer ce que tu ne connais pas. C’est incroyable le nombre de mamans qui abandonnent, faute d’avoir vu quelqu’un allaiter et d’être seules devant l’inconnu. » 

La dernière année a été très difficile pour Karolann, mais aujourd’hui elle et le petit Nalek se portent beaucoup mieux. Elle souhaite d’ailleurs devenir une personne-ressource afin d’aider les mamans avec l’allaitement. « Je suis passionnée de ça parce que j’ai vraiment vu les effets ; je me sens comme si j’ai eu un baccalauréat juste à allaiter mon troisième. »