Maquillage extravagant, cuir, paillettes, plumes et beaucoup de couleurs : la Place des Arts était en fête la fin de semaine dernière dans le cadre du Cabaret Queer. L’humour salé, la musique et la danse ont impressionné les spectateurs dans des numéros de tous les niveaux, de débutant à professionnel.
La première édition du Cabaret Queer organisée par le Conseil des Arts de Hearst s’est déroulée sur deux soirs, soit les 10 et 11 juin derniers. C’est avec l’aide de membres de la communauté queer locale et de leurs alliés que le projet a pu voir le jour. Cela a aussi permis aux gens de Hearst et des environs de découvrir l’art queer à son meilleur. « Les artistes étaient complètement charmées par Hearst, par le public chaleureux (et fou !) et par le succès de l’évènement. Les trois drag queens nous ont dit qu’elles reviendraient n’importe quand », indique la directrice générale du Conseil des Arts, Valérie Picard.
Le CAH est sorti de son cadre habituel pour laisser place à la fantaisie et aux blagues un peu érotiques. L’idée longuement mijotée par la directrice générale et son équipe s’est enfin concrétisée. Valérie Picard avait accueilli l’idée de présenter un spectacle de drag queen à Hearst lancée par son ami Paul Otto, nouvellement de retour à Hearst à la suite de ses problèmes de santé. Il est décédé peu de temps après être revenu, mais Valérie avait toujours gardé le projet en tête.
Ce projet élaboré en 2018 a été dédié à Paul Otto. L’objectif était fixé à 150 spectateurs par soir. Il a été dépassé avec une participation de 223 personnes le vendredi et 164 le lendemain. Des gens se sont déplacés, de Thunder Bay à Sudbury. « Ce qui nous a surpris, c’est le niveau d’engagement du public pendant l’évènement. La joie, l’encouragement et l’euphorie de la foule étaient sans pareil. L’émotion et l’émerveillement qui se sont manifestés pendant les deux soirées ont créé un univers magique », ajoute Valérie Picard.
Le spectacle style cabaret était animé par Jenna Seppa et Quinta Sential, des partenaires de drag, mais aussi dans la vie. Jenna Seppa est native de Sturgeon Falls, donc elle parlait à la foule en français, mais le spectacle était bilingue et même un peu plus en anglais.
En plus d’animer, elles ont présenté plusieurs numéros de lip-sync et de danse, la norme pour un spectacle de drag queen. Des jeux interactifs avec la foule n’ont pas passé inaperçus. Pendant la soirée, les animatrices ont changé de tenue plusieurs fois et fait sensation à tout coup. Talons hauts, vêtements moulants et perruques, tout y était.
L’un des moments les plus attendus par foule c’est l’arrivée de l’artiste local Adry, le nom de scène de Zakary Bolduc, natif de Hearst. C’est avec beaucoup d’émotions qu’il a réalisé l’un de ses rêves. Le soutien des spectateurs durant sa représentation a rendu Adry très émotive. « C’est l’expérience de ma vie, et je veux le refaire », avoue-t-il. « Grâce à l’attention portée sur moi dans les médias avant le spectacle, j’ai reçu une offre pour faire une prestation drag à Montréal en octobre prochain et je veux vraiment y aller. »
L’artiste polyvalente locale, Kariane Lachance, a décidé de monter sur scène en tant que Joe Bassin, un bucheron du Nord. Elle a interprété une chanson de Joe Dassin en dansant, ce qui n’a pas manqué de faire rire la foule.
La deuxième partie du spectacle était assurée par nulle autre que Scarlet Bobo, l’une des finalistes de l’émission télévisée Canada’s Drag Race, une version cana- dienne de la série américaine RuPaul’s Drag Race. Scarlet Bobo a aussi utilisé le feu dans son numéro, et la foule a également été impressionnée par des mouvements de danse très dramatiques, typiques de cet art de la scène.
Sensibilisation
Les organisateurs souhaitaient également sensibiliser les spectateurs dans le cadre de cet évènement. Plusieurs kiosques ont été installés, notamment celui du Bureau de santé Porcupine pour distribuer de l’information sur l’importance de maintenir une bonne santé sexuelle. En même temps, Alex Tremblay s’amusait à faire des maquillages colorés aux personnes qui le désiraient.
Une prochaine édition du Cabaret Queer fait partie des discussions au CAH.
Photos : Francine Savoie-Jansson