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Le Pow-wow annuel de CLFN

Le son des tambours et des chants résonnait sur la terre de la Première Nation de Constance Lake ce weekend, puisque la communauté située au nord-ouest de Hearst organisait son Pow-wow annuel. Pour une deuxième année consécutive, le rassemblement a eu lieu à la piste d’athlétisme du Mamawmatawa Holistic Education Centre et s’étendait sur plusieurs jours. 

 

Donny Sutherland, lors de l’inauguration du parc des Nations
Photo d’archives
Crédit : Marc-André Longval

 

Donny Sutherland était le directeur d’arène pour le pow-wow, mais également un membre du comité organisateur, avec Alysha Wesley, Shanayah Echum, Austin Baxter, Christina Echum, Ricky Sutherland et deux adolescents. « C’était un bon weekend, avec une très bonne participation ! Surtout avec la pluie du samedi. J’ai été très surpris du nombre de danseurs qui ont continué à danser malgré la pluie. Dimanche, il faisait vraiment beau, le ciel était nuageux, il faisait chaud. Nous avons également eu des aigles tout au long du weekend, qui sont restés dans les parages. Je pense que nous avions environ 60 ou 80 danseurs. Il y avait beaucoup de jeunes danseurs, c’était vraiment bien de voir combien d’enfants dansaient. » 

 

Pour les tambours, un groupe faisait sa première apparition officielle dans un pow-wow, et ses membres sont venus de loin, soit de la Première Nation Neskantaga qui se situe dans une région éloignée, au nord de Longlac, et qui n’est même pas accessible par la route. « Ils s’entrainaient probablement depuis un certain temps dans leur communauté. On les appelait les River Spirit Singer. Il y avait aussi le groupe Dark Rivers de Marten Falls et le groupe de collaborateurs aux hôtes était le Walking Bear de la Première Nation de Ginoogaming. Le tambour hôte était High Ridge de Moose Factory. Au total, nous avons eu une centaine d’invités, 30 invités d’honneur. Notre animateur, Gitchie Cheechoo, est également de Moose Factory, et notre ingénieur du son, Nathan, est venu de Thunder Bay. » 

 

Lorsque vous assistez à un pow-wow, il y a des protocoles à suivre sur divers aspects qui sont inspirés des traditions. Il faut toujours demander la permission avant de prendre des photos et il faut être très attentifs à ce que raconte l’animateur, car il est celui qui explique les danses et qui transmet les informations au public. 

 

« C’est vraiment bien de l’avoir en plein milieu de la communauté parce que les membres peuvent l’entendre et sortir. » 

 

Quant à la tâche d’organiser le pow-wow et la danse ronde, c’est un travail désintéressé, les gens ne le font pas pour eux-mêmes, selon lui, ils le font pour leur collectivité, c’est un travail charitable. « C’est facile de s’énerver ou de mettre son égo en avant et lorsqu’il s’agit d’organiser et même d’être le directeur de l’arène, je pourrais entrer dans cet égo et devenir autoritaire, bousculer les gens. Lorsqu’on est mis à l’avant dans ce type d’évènement, cela vient avec un statut, mais quand on le fait, nous devons tous être gentils. Nous agissons de la sorte pour les enfants qui nous regardent et qui dansent, ils observent la façon dont nous nous comportons. » 

 

Pour organiser et mettre en place de telles activités, les membres du comité unissent leurs efforts. La gratification qui en ressort est immesurable selon M. Sutherland. « Pour moi, c’est le sentiment que notre esprit s’élève, avec la bonté, cela vous élève, cela fait beaucoup pour vous en tant qu’individu et cela se répercutera sur la communauté, les enfants, les jeunes adultes, les adultes et même les personnes âgées. De voir tout le monde s’illuminer et s’unir en tant que communauté, même si les temps sont durs par ici, c’est vraiment agréable de voir tout le monde se rassembler et passer un bon moment. Tous les rires, tous les sourires, toutes les danses qui signifient tant, cela n’a pas de prix. » 

 

Dimanche, une plume d’aigle est tombée d’une des regalia. L’animateur décrivait la scène : le directeur de l’arène devait prendre une décision sur le protocole qu’il voulait entreprendre pour ramasser la plume. Il racontait qu’il y a une manière appropriée de faire les choses avec respect lorsqu’une plume tombe au sol, comment s’en préoccuper et la ramasser, quelle chanson sera choisie lors du ramassage des plumes. Le directeur de l’arène s’est rendu sur le terrain afin d’intervenir et répondre à la situation. M. Cheechoo continue son explication en disant que chaque nation a son propre protocole dans un moment comme celui-là. On lui avait dit, en grandissant, que ça représente la chute d’un guerrier ou d’un vétéran. La plume est ensuite remise à quelqu’un d’autre et chaque plume acquise sur sa regalia porte une histoire. 

 

Les chants et les danses 

 

Pour ce qui est du style, les danses et les chansons étaient toutes de genre nordique, c’est-à-dire avec un ton aigu. Il y a un autre style appelé southern qui est de tonalité plus basse. Or, le weekend entier comportait des chants de type nordique. « Lors de la fin de semaine, on retrouvait parmi les chants quelques shake up et sneak up, duck and dive, crow hops et straights. Pour les femmes, les chants étaient le side steps et le double beat. Il y avait quelques chansons de Round Dances également. » 

 

Pour la danse, les styles varient selon ce que les danseurs aiment faire. Il y avait parfois des chansons où tous les styles se mélangent et à d’autres occasions les hommes pratiquaient la danse traditionnelle uniquement. Pour les hommes, les styles présentés étaient la danse traditionnelle, la danse des herbes sacrées (Men’s grass) et le Woodland qui est issu des Ojibwés. 

 

Chez les femmes, ce qu’on appelle le Woman Fancy se traduit par « la danse libre du châle », une tradition qui est tirée d’une danse cérémonielle du nom de Butterfly Dance. Ainsi, le châle des femmes ressemble aux ailes d’un papillon et les pas de danse au corps de l’insecte. Certaines femmes dansent le Old School Fancy ou bien la danse traditionnelle. 

 

Le but ultime d’un pow-wow, selon Donny Sutherland, c’est tout simplement de retrouver notre bien-être. Il conclut en disant que son comité est aussi celui qui organise l’évènement Round Dances qui se déroule à la suite du congé d’hiver, en mars. Après le pow-wow, les gens profitent d’une petite pause avant de se remettre à l’oeuvre pour la prochaine édition du Round Dances.

 

 Photos : Renée-Pier Fontaine – Justin Guindon