Skip to content

Le 29 avril 2024, le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Canada (IRCC) et député à la Chambre des communes, Marc Miller, a annoncé un changement majeur dans le programme des étudiants internationaux concernant les heures de travail hors campus. En effet, à partir de septembre 2024, les étudiants internationaux ne seront autorisés à travailler que 24 heures par semaine pendant la période scolaire. Cette mesure, qui vise à renforcer l’intégrité du programme des étudiants étrangers et à garantir leur réussite académique, suscite des préoccupations parmi les étudiants internationaux, dont beaucoup dépendent du travail à temps plein pour financer leurs études et subvenir à leurs besoins. 

 

Pour comprendre l’impact de cette nouvelle loi, une rencontre qui a eu lieu avec trois étudiants internationaux inscrits à l’Université de Hearst, en Ontario, soit Mathurin Elie Bampoky, Ibrahima Seck et Idrissa Diarra, va donner quelques explications sur les défis et les impacts de cette nouvelle loi pour certains étudiants. Originaires du Sénégal, ces étudiants, et ils sont tous en dernière année de leur programme de baccalauréat, ont partagé leurs points de vue et préoccupations concernant cette réforme qui pourrait bouleverser leur quotidien. 

 

Mathurin Elie Bampoky et Ibrahima Seck, tous les deux étudiants internationaux à l’Université de Hearst. Photos de courtoisie

 

Mathurin Elie Bampoky 

 

Originaire du Sénégal et âgé de 23 ans, Mathurin Elie Bampoky est en dernière année d’un baccalauréat en administration des affaires à l’Université de Hearst. En effet, son parcours académique est jalonné de succès, ayant obtenu son diplôme de fin d’études secondaires en gestion au Complexe Saint-Michel de Dakar, Sénégal, en 2020 et sa licence en comptabilité et gestion à ENSUP Afrique en 2022 avant d’arriver au Canada. Depuis son arrivée en aout 2022, M. Mathurin a commencé par travailler à temps plein tout en gravissant les échelons chez McDonald’s jusqu’à devenir manager en décembre 2023. Il a également exercé divers emplois saisonniers pour compléter ses revenus comme à La Maison Verte de Hearst où il faisait de l’empaquetage et à la Ville de Hearst pour faire l’entretien des espaces verts. M. Bampoky a également été bénévole lors de la célébration du centenaire de la Ville de Hearst. 

 

Pour lui, la réduction des heures de travail à 24 heures par semaine représente un véritable défi financier. « Jusqu’à présent, j’ai travaillé à temps plein tout en poursuivant mes études, ce qui m’a permis de financer mes frais de scolarité et de subvenir à mes besoins. Avec cette nouvelle res-triction, il sera plus difficile de gérer mes finances », a-t-il confié. Face à cette situation, Mathurin envisage de réévaluer son budget et de trouver des moyens alterna-tifs pour compenser cette perte de revenu, notamment la réduction de certaines dépenses. 

 

Par rapport à la routine quotidienne, cette nouvelle loi va également bouleverser son emploi du temps. « En tant que manager au McDonald’s, je travaille souvent entre 30 et 40 heures par semaine. Avec cette nouvelle loi, je vais devoir réduire considérablement mon temps de travail », explique-t-il. Si cette réduction lui permettait de se concentrer davantage sur ses études et de s’adonner à des activités comme la musculation à la salle de sport, elle nécessiterait aussi une meilleure gestion du temps pour maintenir un équilibre entre ses obligations académiques et sa vie personnelle tout en assistant les nouveaux étudiants. 

 

Ibrahima Seck 

 

Ibrahima Seck, également originaire du Sénégal, est en dernière année de gestion. Après avoir obtenu sa licence 1 en philosophie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar en 2017 et sa licence 3 en Banque Finance Assurance à IMAN-Institut de management basé à Dakar, Sénégal, en 2020, M. Seck a décidé de poursuivre ses études au Canada. 

 

Depuis son arrivée en aout 2022, il a enchainé divers emplois en commençant par être journalier dans une usine de production, Vergers Leahy à Montréal, en aout 2022 et dès son arrivée à Hearst, il a occupé le poste de caissier au dispensaire à la Pharmacie Novena de Hearst, mais aussi il travaille à la Maison Renaissance. 

 

Pour Ibrahima, la nouvelle limitation des heures de travail est un coup dur. « C’est un impact pour moi, car je vais être obligé de diminuer mes dépenses pour privilégier celles qui sont nécessaires », a-t-il expliqué. La réduction des heures de travail à 24 heures par semaine va l’obliger à réduire ses loisirs et à repenser ses priorités financières. « Je peux dire aussi que c’est un défi, car la plupart des employeurs préfèrent des temps pleins ou au moins 30 heures par semaine. » 

 

Malgré ces défis, Ibrahima voit aussi des aspects positifs à cette réforme. Par exemple, la réduction du temps de travail lui permettra de mieux se concentrer sur ses études et de planifier son avenir postdiplôme. « Cette nouvelle loi va me permettre de me préparer au changement de mon statut après mes études et de mieux planifier mes projets futurs. » 

 

Il espère également pouvoir consacrer plus de temps à des activités physiques, entre autres aller fréquemment à la salle de sport et s’investir davantage dans la communauté étudiante tout en aidant les nouveaux étudiants à bien s’intégrer dans le Nord-Est de l’Ontario. 

 

Idrissa Diarra 

 

Idrissa Diarra, âgé de 24 ans et également originaire du Sénégal, est en dernière année de BAC en gestion à l’Université de Hearst. Après avoir obtenu son diplôme de fin d’études secondaires en Technique quantitative d’économie et de gestion au Collège Moderne du Troisième Millénaire de Dakar en 2018 et son diplôme supérieur d’étude comptable et gestion à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar en 2021, M. Diarra est arrivé au Canada en 2022, où il a rapidement trouvé un emploi au McDonald’s de Hearst. 

 

Tout comme Mathurin, il a gravi les échelons pour devenir manager en juillet 2023, en plus d’occuper d’autres emplois saisonniers et temporaires, dont chez Villeneuve Construction où il travaille actuellement et à La Maison Verte où il faisait de l’empaquetage des semis forestiers. 

 

Puisqu’il termine son baccalauréat cet automne, la nouvelle loi limitant les heures de travail n’aura pas d’impact drastique pour lui, toutefois Idrissa reconnait que cela nécessitera des ajustements. « La nouvelle loi va changer beaucoup de choses dans ma vie, même si ça ne va pas trop m’impacter, car je finis mon bac cet automne. » 

 

M. Diarra voit dans cette situation une opportunité de mieux se concentrer sur ses études et de planifier son avenir professionnel. Cependant, il propose que l’université et l’association étudiante prennent des mesures pour aider les nouveaux étudiants à s’adapter aux défis financiers engendrés par cette nouvelle loi qui limite les heures de travail. Il suggère aussi une augmentation des subventions et la mise en place de structures de soutien adaptées pour les nouveaux arrivants. « Cette nouvelle loi va être un défi pour moi, car je vais devoir revoir mes finances et diminuer certains besoins pour maintenir l’équilibre dans mes dépenses », a-t-il ajouté. 

 

Photo : Courtoisie Idrissa Diarra, étudiant international à l’Université de Hearst.