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Lorsque je suis arrivé à Hearst à titre de directeur général pour la radio CINN 91,1, une semaine s’était à peine écoulée qu’une dame tient à me rencontrer. Armée d’une assiette de sucre à la crème à la main, elle se présente : « Moi, c’est Gaëtanne Bouffard et lui c’est mon mari Lucien. J’écoute toujours la radio et je vous aime ben gros et j’aime toujours venir rencontrer les nouveaux ». Voilà qu’en moins de 10 minutes, je connaissais déjà une bonne partie de sa vie et sa famille. Et, c’est avec fierté qu’elle a sorti une photo de sa sacoche. Son mari et elle posés fièrement dans un costume du temps des Fêtes. C’est avec tristesse que j’ai appris son départ pour un autre monde la fin de semaine dernière.

 

J’ai eu une pensée pour madame Bouffard lundi dernier lorsque nous avons commencé le bingo de la fête du Canada. C’est la première fois que je ne voyais pas notre plus fidèle fan assise à sa table avec M. Bouffard pour estampiller ses cartes de bingo.

 

Au cours des onze dernières années, je n’ai jamais vraiment vu Mme Bouffard de mauvaise humeur. Elle était toujours de bonne humeur lorsqu’elle nous rencontrait, Julie et moi, en ville. Et, j’ai comme l’impression qu’elle cherchait souvent des raisons pour venir nous visiter à la station. Je dirais, à 80 % du temps, une batch de sucre à la crème était la raison de sa visite. Si une nouvelle voix était à l’antenne du 91,1, on était assuré de manger du sucre à la crème au cours des 48 heures suivantes.

 

Près de la totalité des billets pour les différents tirages des nombreux organismes de la région ont passé dans ses mains. Elle était une bénévole infatigable, toujours prête à offrir de son temps. Toujours heureuse lorsqu’on était en mesure de lui offrir une commission pour la vente de billets, mais lorsqu’il n’y en avait pas, elle en vendait quand même.

 

Toutes les communautés canadiennes-françaises ont leur Mme Bouffard. À Amos, la ville où j’ai passé ma jeunesse et mon adolescence, on avait Lucille ! Lucille Tremblay, tout le monde l’appelait Lulu ! Même les joueurs du Canadien de Montréal connaissaient Lulu ! Tout comme Mme Bouffard, elle avait toujours des billets à vendre et elle était responsable de tous les 50/50 des parties de hockey importantes.

 

Je l’ai souvent vu accoster mon père pour tenter de lui vendre des billets. « Heille Georges, j’ai un billet à 100 $ pour toé pour tel organisme », lançait Lucille à mon paternel. « Voyons Lucille, j’ai pas des 100 $ pour ça », rétorqua-t-il. « Pas de problème Georges, j’en ai aussi à 20 $, 10 $, 5 $ et aussi à 2 $, lequel tu veux ? ». Voilà comment, cette journée-là, Lucille avait conclu la vente d’un billet à 5 $.

 

Ce n’est pas tout le monde qui est capable de faire la vente de tels billets. C’est un art ! Tu dois constamment solliciter les gens et rester de bonne humeur, même si la personne devant toi pogne les nerfs parce qu’elle est tannée de se faire quêter.

 

Certaines personnes la trouvaient tannante, mais je mets n’importe qui au défi de procéder à la vente de billets comme elle le faisait sans froisser personne ! C’est impossible. Plusieurs organismes, dont les Médias de l’épinette noire, ont connu de bonnes campagnes en partie grâce à mère Noël.

 

En parlant de Noël, la prochaine période des Fêtes ne sera pas pareille. Il y aura un vide sans la joie et le bonheur de ce couple uni qui remplissait à merveille et avec passion le rôle des deux personnages les plus importants du pôle Nord.

 

Je sais que la dernière année a été très difficile pour sa famille. La maladie peut être cruelle, on ne sait jamais quand elle peut arriver et surtout de quelle façon. En mon nom, mais également au nom de tous les employés et les membres du conseil d’administration des Médias de l’épinette noire, nous souhaitons à la famille et aux proches nos plus sincères condoléances.

 

Et nous te disons merci, Gaëtanne, pour toute l’aide que tu nous as apportée afin de soutenir nos, mais surtout tes, médias locaux. Et, merci pour tout le sucre à la crème qui a contribué à faire grimper ma balance !

 

PHOTO : Impression d’écran de la page Facebook de France Bouffard