Denis Charbonneau, né en 1898, le grand-père de Julie Charbonneau qui m’a fourni ce témoignage, est venu une première fois en 1934, seul, dans le Nord de l’Ontario, plus précisément à Hearst et la région du Lac Ste-Thérèse. Le voyage s’est fait en train. Denis est originaire de St-François de Salle, au nord de Montréal. Dans ce temps-là, le gouvernement donnait des terres afin de coloniser le nord de l’Ontario.
Denis retourne chez lui et dit à sa femme Marie-Ange : « C’est beau ce coin-là ». Il y revient la même année en train avec sa femme, quatre enfants (Robert, Jacqueline, Pierrette et Gisèle) et quelques poules ! Marie-Ange avait connu l’eau courante et l’électricité au Québec. La famille arrive dans une cabane (shack) sans eau et sans électricité de 14 X 16 pieds, dans un rang au Lac Ste-Thérèse, sur le chemin aujourd’hui nommé Gratton.
Il y avait seulement un chemin de terre entre le village de Hearst et le Lac Ste-Thérèse. Denis se déplaçait en charrette tirée par un gros cheval noir qui avait été baptisé « Le Noir » et l’hiver en traineau, toujours tiré par « Le Noir ». Il y avait une distance d’environ trois milles entre la cabane et le village du Lac Ste-Thérèse, donc six milles aller-retour.
Denis avait une carrière au Québec, car dans ce temps-là, une grande partie des maisons étaient construites en pierres. Il était très habile de ses mains et a débuté sa carrière de contracteur en bâtissant des maisons pour lui à Hearst.
Au début des années 40, la famille déménage en ville dans leur première maison au 55, 8e Rue. Trois autres enfants s’ajoutent : Jacques, Huguette et Claude. Quelques années après, la famille déménage dans la 2e maison construite par Denis à côté de la première, toujours sur la 8e Rue, au numéro 57.
À la fin des années 40, Denis Charbonneau est reconnu et devient Charbonneau Construction Ltd. Les projets se multiplient pour la compagnie dans le Nord. Il entreprend la construction d’un immeuble à logements au 717, rue Kitchener, et y déménage avec Marie-Ange dans les années 1960. Au sous-sol de cet édifice, Denis a un bureau et un autre à Val Rita, car Charbonneau Construction Ltd. construit aussi dans la région de Kapuskasing.
Le fils de Denis et père de Julie, Robert Charbonneau, a commencé à travailler avec son père à son retour de l’armée en 1945. Au fil des ans, la compagnie embauche de 20 à 30 hommes, selon les contrats. L’équipement est au 707, rue Kitchener, dans le champ derrière la propriété de Robert et de Denis.
Le 2 janvier 1969, alors que Julie n’a que six ans, Robert l’emmène voir son grand-père à l’hôpital St-Paul, où est maintenant situé l’hôtel de ville. L’épouse de Robert et mère de Julie, Jeannine Charbonneau, travaillait ce jour-là. Pendant que Julie est dans la chambre, son grand-père Denis meurt d’une crise cardiaque dans la salle de bain. C’est un souvenir encore très vif aujourd’hui pour Julie.
Robert Charbonneau a ensuite continué l’entreprise de son père. La mort de Denis est survenue au milieu de la construction de la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption. Robert prendra sa retraite en 1979 et l’entreprise sera dissoute.
En plus de quelques maisons sur les rues Kitchener, West et Prince, Bâtisseur du Nord – Charbonneau Construction Ltd. a construit les écoles Ste-Thérèse, St-Jacques, St-Louis, l’ajout qui relie St-Jacques à l’Académie St-Joseph, aujourd’hui le Pavillon Notre-Dame, et l’école secondaire. Ils ont également construit la cathédrale Notre-Damede-l’Assomption et son presbytère, la caserne des pompiers, le bureau de poste en 1949-50, plusieurs bâtiments de Levesque Plywood (maintenant Columbia Forest Products), le Collège universitaire de Hearst, le couvent des Sœurs du Bon Pasteur à Coppell à la fin des années 1950, l’église et l’école d’Opasatika et la petite église à la sortie de Longlac qui n’existe plus depuis 2020. Finalement, à Kapuskasing, ils ont construit l’ancien poste de police, l’église de Brunetville, l’immeuble résidentiel à l’entrée de la ville et plusieurs maisons dans différents quartiers.
Julie termine en rendant hommage aux femmes extraordinaires derrière son grand-père Denis et son père Robert. Sa grand-mère, Marie-Ange, était la meilleure des grands-mères, et sa mère Jeannine a su concilier sa carrière d’infirmière et de mère dévouée et attentionnée. Le bien-être de sa famille passait toujours en premier. Jeannine Charbonneau vit toujours au Foyer des Pionniers de Hearst.