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La passion pour les roches d’André Cousineau l’a mené à travailler sur des projets d’explorations minières avec l’entreprise torontoise Noble, dans le nord de l’Ontario. Natif de Jogues, l’homme de 73 ans avait à l’époque une ferme sur le chemin Brunet lorsqu’il a trouvé une roche impressionnante de 307 livres. Au cours des dernières années, des tests en laboratoire ont permis de déterminer que la composition de cette pierre est d’une richesse en cuivre rarement vue au pays, ce qui en fait une découverte atypique.

 

Tout au long de sa vie, M. Cousineau a ramassé des roches un peu partout et il les a toutes gardées, peu importe leur taille. Celle qu’il avait trouvée à Jogues était lourde, mais son unicité a fait en sorte qu’il l’a toujours préservée, même dans ses déménagements. « J’ai plus de 50 roches chez moi, c’est de valeur que je n’ai pas marqué où je les ai trouvées parce que je serais peut-être millionnaire aujourd’hui. J’étais au Manitoba sur une job de pipeline et je me suis mis à regarder sur Internet un soir. J’ai vu qu’un gars du Michigan avait trouvé une roche qui ressemblait à la mienne, alors j’ai dit faut s’en aller en Ontario pis ça presse ! Ce gars-là venait de vendre la sienne 90 000 $. »

 

Par la suite, André Cousineau a fait analyser sa découverte par un géologiste qui travaillait pour le ministère à Timmins, qui ne semblait pas trouver rien d’extraordinaire à propos de cette pierre au départ. « Il connaissait les roches, il fait ça comme métier, mais il a décidé de la faire analyser pareil à Sault Ste. Marie et à Sudbury. Les résultats qu’il a reçus disaient qu’elle contient 71,8 % de cuivre. Ça n’appartient pas ici ça là, il n’y a pas de minerai aussi riche en cuivre dans le Canada, selon eux. »

 

En 2021, M. Cousineau décide de participer à l’exposition de minerais à Timmins et une centaine de personnes ont jeté un coup d’oeil à sa roche. L’intérêt ne semblait pas palpable sur le coup, avec la pandémie les choses étaient plutôt au ralenti. Ce n’est que deux ans et demi plus tard qu’il reçoit un courriel de la part d’une compagnie d’exploration minière ; quelqu’un souhaitait le rencontrer. « À partir de là, ils ont décidé d’investir de l’argent et d’investiguer pour voir s’ils allaient trouver quelque chose. Ils ont mis des claims et aujourd’hui ils ont 45 km2 de claims à Jogues, ce qui équivaut à presque tout le canton de Way. »

 

Les travailleurs de Noble sont allés à la rencontre des résidents de Jogues, et puisque M. Cousineau a encore des connaissances là-bas il pouvait servir de traducteur en même temps. « On a commencé avec une petite drill à main, parce que moi je l’avais trouvé à une dizaine de pieds dans la terre. Noble a ensuite fait demande au gouvernement pour avoir de l’argent afin d’aller explorer et prospecter puis faire de la recherche à propos de cette roche-là. Ils ont obtenu 200 000 $, et eux matchent le montant pour un total d’environ 400 000 $. »

 

Selon lui, la compagnie d’exploration a déjà investi près de 300 000 $ dans les diverses enquêtes qu’elle a menées pour déterminer s’il y a un potentiel minier à cet endroit. Les gens de Noble ont découvert une ligne magnétique du nord au sud du canton de Way, signifiant que du fer et des minéraux ont été détectés, ce qui est bon signe puisque la roche d’André Cousineau est elle aussi magnétique. Noble a donc déposé 210 claims dans la zone de Jogues.

L’explorateur en herbe a rejoint l’un des géologues du projet, le samedi 20 juillet dernier, à Jogues. Sur place, il y avait une foreuse de petite taille, qui perce le sol et la roche en utilisant un foret de deux pouces. Cette grosseur de diamètre est surtout utilisée pour l’échantillonnage des sols.

 

Les résultats d’analyse de Geolabs à Sudbury ont démontré que le bloc rocheux contenait 71,8 % de cuivre, 3,5 % de plomb, 1,09 % de zinc, 252 g/t d’argent, 3,79 g/t d’or, 4,43 g/t de palladium et 2,22 g/t de platine. « Même à Sudbury, ils ont du cuivre, mais pas avec un pourcentage élevé comme ça. La seule place que j’ai vue sur Internet avec un pourcentage aussi élevé, c’est en Australie. J’ai pensé au commencement que c’était une météorite, mais les analyses ont établi que ce n’était pas ça. »

 

Ce nouveau projet est un apprentissage continu pour M. Cousineau, qui doit faire de la recherche et s’éduquer sur le sujet minier afin de mieux comprendre le langage et les opérations en cours grâce à sa découverte. « J’ai été chanceux de tomber sur une grosse compagnie comme Noble pour s’intéresser au projet. J’ai contacté Stéphane Morin et Ghislain Lacroix, deux entrepreneurs de Hearst qui possèdent pas mal toutes les carrières dans le coin. Ils nous ont donné accès partout dans leurs carrières, ça été un gros plus pour nous autres, parce qu’eux ils crushent la roche, mais les géologistes quand ils entrent dans une carrière ils voient les différents types de roches tout de suite. »

 

Le projet ne s’arrête pas là pour Noble et André. Ce dernier a amené les prospecteurs sur le chemin Pitopiko à l’ouest de Hearst, où la compagnie a déposé plus de 900 claims. L’an dernier, une foreuse a été amenée sur ce site pour l’exploration minière et ils ont trouvé du néodyme. « Ce métal sert aujourd’hui pour mettre dans les batteries de voiture. Ils sont très impressionnés par ce qu’ils ont trouvé, mais ils ont de la difficulté à avoir des hélicoptères à cause des feux et manquent de main-d’oeuvre qualifiée pour l’exploration des mines. »

 

En conclusion, il est certain que l’exploration minière ne plaira pas à tous dans la région de Hearst. André Cousineau est conscient des enjeux que cela représente pour les entreprises locales déjà en manque de travailleurs si une mine ouvrait dans le futur. La diversification des sources de revenus pourrait toutefois être bénéfique pour une région presque entièrement mono industrielle.