La rentrée scolaire en Ontario ressemble de plus en plus à un branle-bas de combat. Le plan du gouvernement ne fait pas l’unanimité auprès des syndicats et les enseignants disent manquer de ressources. Qu’en pensent des parents?

Les conseils scolaires invitent le gouvernement de considérer une rentrée progressive, de songer à la retarder d’une semaine ou deux. Difficile de prédire à quoi ressemblera le retour en classe cette année.

Élémentaire et secondaire : deux scénarios

Septembre verra les élèves de l’élémentaire en classe cinq jours par semaine, et ceux du secondaire à 50 % du temps. Voilà le plan général en Ontario; la situation peut cependant varier dans certaines régions ou certains conseils scolaires.

Pour les élèves de la maternelle à la 3e année, le port du masque sera encouragé, mais pas obligatoire comme ce sera le cas à partir de la 4e année. Les écoles élémentaires devront veiller à limiter les interactions de chaque élève à un nombre restreint.

Au secondaire, le modèle est plus complexe. Grosso modo, les classes ne dépasseront pas 15 élèves et les jeunes ne fréquenteront l’école que 50 % du temps. Le reste de leur formation se fera en ligne. Le nombre maximum d’élèves avec lesquels un jeune peut être en contact ne devrait pas dépasser 100.

Travailler dans un but commun

Joël Beddows, directeur artistique du Théâtre français de Toronto, retournera bientôt au Département de théâtre à l’Université d’Ottawa. «En tant que père d’une fillette de 6 ans qui fréquente une école élémentaire à Ottawa, j’ai beaucoup de questions et surtout, bien des craintes, comme tous les parents en ce moment.»

Il n’hésite pas à affirmer que «c’est assez rare dans une société de voir autant de gens – allant des politiciens élus aux concierges les moins connus – travailler aussi bien dans un but commun». Selon lui, il n’y a pas de doute que «tous les responsables du bienêtre et de la sécurité de nos enfants sont de bonne foi : c’est encore plus exceptionnel de pouvoir dire une telle chose, mais je le crois viscéralement».

Services spécialisés

Fatouma Ahmed est mère de trois enfants, deux à l’École élémentaire Gabrielle-Roy et une au Collège français de Toronto. Présentement, elle nage dans l’inconnu et l’inquiétude. «On ne nous donne pas assez de renseignements sur comment les classes vont fonctionner en septembre. Lorsqu’on reçoit un courriel du conseil scolaire, le contenu a tendance à être trop général.»

Madame Ahmed a un enfant qui reçoit de services d’orthophonie et cela a joué un gros rôle dans sa décision de l’envoyer à l’École Gabrielle-Roy en septembre. «Il a 4 ans et nous voulons qu’il interagisse avec les autres, ajoute-t-elle. La socialisation est un facteur important, c’est même primordial.»

Côté pratique, Fatouma Ahmed ne sait pas ce que l’école fournira en matière de soins sanitaires. Elle a acheté plein de masques et de désinfectants. Sa fille de 12 ans a choisi les couleurs de ses masques et demeure alors plus encline à les porter.

Trop peu trop tard

Mère de deux filles, l’une de 13 ans en 8e année et l’autre de 11 ans en 6e année, Alexandra Vandelle veut que ses enfants retournent à l’école en septembre, «car c’est le meilleur moyen d’apprendre dans un environnement structuré et, surtout, d’être avec d’autres enfants de leur âge».

Madame Vandelle estime que le gouvernement n’en fait pas assez pour aider les écoles et les familles, d’une part, et qu’il a attendu trop longtemps pour annoncer un plan, d’autre part. «Nous sommes en pleine pandémie depuis des mois et le gouvernement aurait pu être plus proactif pour discuter avec les parties prenantes et proposer des solutions tangibles dès le début de l’été.»

Sur le plan technique, par exemple, elle souhaiterait que les classes soient limitées à 10-12 élèves. Elle ignore quels moyens seront utilisés dans les écoles pour assurer une bonne circulation de l’air.

Le gouvernement Ford persiste à croire que son plan est le meilleur au pays parce que guidé par les spécialistes de la santé. N’empêche que le ministre de l’Éducation entend permettre aux conseils scolaires d’y déroger au cas par cas.